Pour ce vendredi poétique, voici À la claire, extrait de Fleurs musculaire, disponible aux Éd. Kaligraf.
A la claire
A la claire fontaine s’en allait danser un effroyable baiser poursuivant la boule terrestre de ses assiduités morbides – alors qu’il monte en lumière il décède en précédant l’horizon –
on peut toujours s’en aller promener au pipeau des coucous rien n’empêche les bombes de vider les marguerites de leur jus de soleil – frasques zombiques aux épaulettes matinales du général – un insecte hésitant sur la croûte d’un mort se risque à l’assaut d’un corps étendu avant qu’une balle ne fauche sa beauté d’émeraude –
le balai d’or de la pluie tente de chasser les poussières qui s’amoncellent dans la gorge des sages – crier est peut-être mieux – que faire? – les joncs mutilés offrent leurs cavités en cercueils improvisés – la culotte d’un bébé gît rouge sang à la flotte contaminée comme une anecdote sur la crotte d’un écran – être à cran et lever des armées de raisons qui font flop –
où loger ailleurs qu’en la félicité des cœurs – la vérité bizute un pissenlit une folle abeille entre dans les oreilles des gazons militaires – pathologique époque des étrécissements tissulaires – pourrons nous rester longtemps dans l’arène des tigres doux ? –
A la claire fontaine poussent les fleurs musculaires les icônes d’amour les vierges noires aux robes sablées de chair – donnez-nous vos lueurs vos écorces de feu et vos immunités et vos patiences rebelles –
dans sa blouse aux tendresses foulées l’infirmière passe une larme à la main –
A la claire fontaine rien ne se médiatise tout est loque à tremper verre à vider au vivant si parfait qu’imparfait et aimant – souffler dans les humérus ou accoupler des glaçons à la surface des mers – que faire?
d’un fruit défendu pendu à la nue bleue du ciel – d’un cadavre en exquise bonté était née la claire fontaine – rond dans l’eau précédant le lac de tes yeux où dérivaient les glaciers de la terre elle était de toute éternité vierge et poisson –
serein le pipeau des coucous accompagnait les défunts – ils pouvaient alors vider leur soleil dans le jus de citron des marguerites – la fleur musculaire poussait sous la lune amie – deux ou trois cercles tournaient autour du nombril de ses origines comme une abeille d’or – puis l’enfant naissait dans les pas qu’il faisait – il montrait l’aube blessée à l’assemblée des sages qui se penchaient sur le berceau vide et volage – où est parti l’oiseau?
Magnifique...
ce poème m'a complètement mise en joie
merci ;0)