
La première étape pour prendre soin de soi et aller mieux est de réaliser que nous avons la précieuse existence humaine c’est-à-dire très concrètement que nous sommes incarnés dans ce corps, ce véhicule avec lequel nous allons traverser l’existence.
Nous avons une condition humaine, un corps et donc des besoins. Tout commence avec la reconnaissance et l’acceptation de cette incarnation, c’est-à-dire la capacité de se reconnecter à ses sensations à travers l’attention consciente.
C’est par le corps et les sensations que nous prenons acte de nos besoins : que ce soit besoin de manger, de dormir, mais aussi besoin d’amour, de sens, de justice etc. Si nous n’acceptons pas cette condition nous ne pourrons apprécier notre vie car nous ne saurons pas écouter nos besoins ni donc en prendre soin. Or prendre soin de ses besoins c’est prendre soin de sa vie en regardant avec tendresse l’être que nous sommes.
Par le corps nous allons à l’esprit, à travers les informations des sensations, des émotions et aussi du besoin fondamental de nous relier à notre essence la plus profonde. Si nous ne pouvons entrer en amitié avec ce corps, nous ne pourrons apprécier notre vie. C’est par le corps que je sais que je suis ici et maintenant.
La tendance à vouloir m’échapper vers un paradis idéal ou artificiel, décorporé, désincarné vient de la difficulté à vivre dans un monde somme toute pas facile à vivre. Si nous voulons manger, il faut trouver de la nourriture, si nous voulons être en relation, il nous faut aller vers d’autres, etc. L’existence semble lourde, nous engluer dans sa matérialité, exigeant toujours des efforts pour parvenir à quelque chose. Nous avons des idées mais les concrétiser demande de bouger tout cet arsenal tirant toujours vers le bas, lourd de gravité. Nous aimerions que les choses soient plus faciles, plus légères, d’où la tendance à nous évader, à nous échapper, à nous couper de la réalité.
Voir les choses comme elles sont veut dire accepter les conditions de la matérialité de l’existence. Une fois que nous sommes entrer en contact avec notre corps physique, émotionnel et spirituel, nous pouvons prendre conscience de nos besoins, nous y intéresser et y répondre. Par exemple peut-être que la colère me dit que j’ai besoin d’être respecté ou écouté; peut-être que la tristesse me dit que je ne me sens pas aimé et que j’ai besoin de contact.
Apprendre à connecter, reconnaître, écouter et nommer nos besoins à travers nos sensations et nos émotions est le début d’une réelle amitié envers nous-même, d’une appréciation inconditionnelle de ce qui est. C’est pourquoi il est important de ne pas se gaver d’antidépresseurs ou d’intoxicants au risque de ne plus ressentir, de s’anesthésier et ne plus pouvoir s’orienter à la boussole de nos ressentis.
Vivre pleinement sa vie c’est pouvoir l’orienter selon ses aspirations et pour cela nous avons besoin du corps. Accueillir toutes nos sensations et émotions avec équanimité sans les juger négativement ou comme ne devant pas exister. Les considérer comme la manifestation du mouvement de la vie même et de son langage. Mettre des mots pour connaître mieux ce langage du corps et savoir décoder plutôt que de mettre le couvercle et générer des pressions intenables à la longue. Identifier clairement ses besoins est le début d’une réponse possible qui dépend de nous.
Cela veut dire que nous seuls pouvons connaître clairement nos besoins. Les connaissant nous pourrons les exprimer à d’autres, trouver des solutions, éclairer nos relations. Plutôt que d’attendre que d’autres les satisfassent ou les devinent, nous les prendrons en charge, peut-être en demandant de l’aide, en passant à l’action, en m’ouvrant à un dialogue de non violence et de respect de ce que je suis, de mes besoins et de ceux des autres.
Savourez bien – appréciez en mâchant 32 fois votre gâteau de compassion existentielle et bon dimanche!
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