Pour celles et ceux qui n’ont pas d’accès facebook ou pour retrouver tous les petits conseils du jour, voici ceux qui ont été publiés au quotidien sur ma page facebook durant la semaine du 11 au 15 décembre. Retrouvez plus de conseils au quotidien.
Lundi 11 décembre
Nous avons peut-être déjà fait l’expérience de quelqu’un qui, un jour, était là pour nous, pour nous soutenir en silence, dans des moments difficiles de notre vie. Peut-être même cela n’était pas un jour seulement mais plusieurs, voire des mois ou des années. Lorsque nous avançons sur le chemin de notre existence ou en quête de ce que nous sommes, nous croisons d’autres humains, d’autres chercheurs qui peuvent nous aider à traverser les épreuves ou simplement marcher à nos côtés avec constance. Aider est parfois juste cette constance qui aide chacun à poursuivre l’effort plutôt qu’à s’arrêter. A plusieurs, nous restons seuls et en même temps nous pouvons être plus forts, nous dépasser. Lorsque nous sommes encouragés dans la pratique de ce qui est essentiel pour nous, alors nos forces et nos qualités sont décuplées. Nos propres forces nous viennent des autres, des liens invisibles et vivants du cœur qui relie tout. Nous avons tous besoin de nourriture, de quoi manger mais aussi de nourritures affectives, comme celles que nous trouvons, par exemple, dans la sangha de notre famille, de nos amis et des autres pratiquants. Nous pouvons être affamés de liens comme nous le sommes de pain. Pour d’autres, nous dépassons le seuil privé de notre ego, pour d’autres nous allons au-delà de nos limites, pour d’autres nous devenons plus responsables. C’est la base, le cœur de la bodhicitta, de l’esprit d’éveil et de toute motivation spirituelle. Bien sûr, nous sommes seuls face à la pratique mais comme tout ce qui pousse, le sol dans lequel nous nous enracinons est ce qui nourrira les graines d’un aller plus loin que nous même. La solitude obligée, l’isolement forcé, l’abandon, l’insouciance ou l’indifférence à la souffrance d’autrui sont des maux redoutables dont nous ne prenons pas conscience suffisamment. Un réseau vivant est celui des liens concrets qui permet à chacun d’affronter seul mais accompagné l’existence. Une véritable éducation en donne l’exemple : stabilité, respect de l’autre, confiance et dépassement de soi. Dans l’enseignement, la sangha, constituée des fils et filles de noble famille, selon l’expression des soutras, est l’un des trois Joyaux, avec le bouddha et le dharma. Les trois sont en interaction et complémentaires, aucun n’est séparé des autres. Nous ne sommes pas séparés, de même le dharma n’est pas séparé de ceux qui le pratiquent, le bouddha n’est pas séparé de la sangha qui fait vivre son dharma. C’est vrai dans le monde ordinaire, c’est vrai dans la pratique spirituelle. Nous avons besoin de stabilité. La terre est stable et nous pouvons lui faire confiance. Quand nous bâtissons une maison, nous choisissons un terrain solide qui ne va pas s’écrouler du jour au lendemain. Pour la pratique aussi nous avons besoin de régularité et de stabilité, d’être fiables les uns pour les autres, c’est la puissance des liens, plus précieuse que l’or. Pratiquer, comme vivre, s’envisage sur le long terme et les bonnes conditions qui le permettent. Le dharma nous rappelle d’être fiable et stable dans notre vie, comme remède à la souffrance, comme dépassement de l’individualisme hédoniste et irresponsable qui tend à faire passer son propre bien avant celui de quiconque. Aujourd’hui, demandez-vous comment vous êtes un soutien pour d’autres, une présence stable, réconfortante, pour autrui. Comment vous êtes un élément nourricier pour celles et ceux qui ont besoin de force, de vigueur, de paix pour continuer leur chemin? Qui n’en n’a pas besoin ? Si nous pouvions nous éveiller seul dans notre coin, la sangha serait inutile. Si nous pouvions ne penser qu’à nous-même, s’éveiller serait tout aussi inutile. L’amour s’éveille lorsque nous prenons conscience de ce que nous recevons des autres et avons à notre tour envie de leur donner, à long terme. Aujourd’hui réfléchissez aux liens qui ont nourri la terre que vous êtes. Conscients de cela, rafraîchissez vos vœux de prendre soin de ce à quoi vous appartenez, des liens que vous avez tissés, ne reniez pas vos engagements. Bonne pratique des cœurs solitaires et solidaires, qui s’entraînent à s’entraider.
Mardi 12 décembre
Aujourd’hui je voudrais vous inviter à considérer la force de la prière. Peut-être que prier vous semble inutile ou réservé à des êtres religieux. Or si vous regardez votre expérience, depuis tout petit, dans des situations où nous nous trouvions démunis, il nous est arrivé de prier. Certes prier pour demander de sortir d’une situation qui semblait inextricable pour nous sur le moment. Prier pour troquer, voire nous étions prêt à promettre la prunelle de nos yeux pour obtenir une issue favorable. Bien sûr c’était tout-à-fait intéressé et focalisé sur un moment vite oublié ensuite. Peu importe. Ce sur quoi je voudrais mettre l’accent ici est simplement l’élan qui s’élève vers plus grand que soi dans des moments où nous nous sentons tout petit. Or nous sommes tout petit, au regard de l’univers, à l’échelle du temps, et face aux grandes forces dont nous dépendons. La conscience de cette appartenance à de multiples dimensions et en même temps le fait de se sentir petit et impuissant nous amène à écouter ce que notre cœur nous dit dans sa sagesse. Le cœur aime prier pour se reconnecter, pour se sentir appartenir, pour s’oublier, pour célébrer. Aujourd’hui je vous invite à créer votre propre prière de souhaits, avec vos propres mots, simples, dictés par votre cœur et que vous pourrez redire, pour vous même mais aussi en pensant à d’autres. On peut prier pour de multiples raisons : pour surmonter des obstacles, des peurs, pour guérir, pour la longévité des siens, pour progresser sur le chemin, etc. C’est la sincérité du cœur dans le lâcher-prise de l’ego qui prime. C’est un exercice essentiel que tout le monde peut faire. Vous pouvez à cette occasion mettre une bougie ou adopter une attitude particulière ou accepter aussi que la prière vienne au milieu d’une situation affolée. Car plus vous prendrez l’habitude de faire parler votre cœur plus il réagira promptement, à n’importe quel moment. Vous pouvez aussi prier simplement sans objet, juste le souhait de réaliser la vraie nature de ce qui est.
Voici un exemple de prière qui est la base d’une méditation dans les Cinq Racines pour nous reconnecter, nous relier à notre cœur. On peut prier seul ou le faire avec d’autres, c’est alors encore plus fort, comme alimenter un feu de plusieurs bûches :
Aujourd’hui je me relie à ceux qui m’ont précédés et dont je suis le noble descendant Aujourd’hui je me relie à toutes celles et ceux qui m’inspirent dans ma quête d’un bonheur authentique Aujourd’hui je me relie à tous ceux avec qui aujourd’hui j’ai des liens de famille, de fraternité, de partage Aujourd’hui je me relie à mon propre destin et l’accepter Aujourd’hui je me relie à la source de l’esprit originel
Bonne inspiration dans la vacuité fervente du cœur !
Mercredi 13 décembre
Nous ne dirons jamais assez l’importance de recueillir des pensées, des phrases, des mots qui vous inspirent. Je conseille souvent d’avoir un carnet, confident de notre cheminement, d’un dialogue avec nous-même, où noter des réflexions sur lesquelles nous pouvons revenir quelques temps après les avoir écrites. Vous pouvez même avoir plusieurs petits carnets. Un qui vous accompagne toujours dans votre sac. Un qui est près de votre lit ou sur votre table de travail. Il arrive que nous ayons des idées à des moments impromptus où parfois nous aimerions pouvoir écrire, garder une trace.
Près de votre lit, par exemple, le matin vous pouvez noter vos rêves avant de vous lever. Lorsque l’on prend l’habitude de cela, c’est rapide. C’est parce qu’on ne le fait pas qu’on pense que cela prendra du temps, beaucoup de temps. Comme toute chose, c’est vous qui impulsez le rythme de vos valeurs, de ce qui est essentiel, c’est vous aussi qui distribuez le temps, pas pour tout mais pour certaines choses oui. Faites en l’expérience.
Des phrases inspirantes sont de bons rappels pour écrire à d’autres parfois, mais aussi pour soi se soutenir dans des moments où nous avons besoin de sentir le baume de la sagesse panser nos plaies à vif. Vous pourrez aussi retracer le fil de soi de vos pensées, de votre cheminement intérieur et mieux vous connaître.
On peut parfois aussi écrire des phrases sur des morceaux de papier et les placer à des endroits stratégiques : un tiroir, les toilettes, en marque page etc.
Ces pratiques de rappels aident à intégrer, tissent une continuité et provoquent des eurêka dans notre conscience. Car c’est en étant réellement et chaque jour habité de la sagesse que des percées créatrices et libératrices traverseront nos voiles d’ignorance. Ecrire est aussi une pratique d’attention car vous serez attentif à chaque mot, à leur sens, à leur impact.
Aujourd’hui je vous propose d’acheter un joli carnet ou cahier pour noter ce qui vous semble important. Vous pouvez y dessiner, y rêvasser aussi, y laisser quelques traces sensibles de l’être en devenir que vous êtes.
Petites pattes de mouche qui dessinent fébrilement des pensées chaotiques qui marchent au pas des mots – relire jusqu’à l’oubli s’il le faut hier dans les toilettes j’ai lu le rappel d’un rappel à prendre au pied de la lettre –
Bonne pratique de l’écriture libératrice!
Jeudi 14 décembre
L’esprit de confusion est aussi l’esprit d’éveil. Lorsque nous examinons notre esprit, nous y voyons nos pensées confuses, nos émotions perturbatrices, et toutes sortes de manifestations conditionnées et névrotiques. Les regarder réellement c’est en voir le potentiel d’éveil. C’est précisément cela qu’il s’agit d’accueillir avec bienveillance pour réussir à abandonner les attachements, pour devenir plus généreux, plus sincère, plus apte à aider. NI l’attachement ni l’agressivité ne sont nos ennemis, ils nous aident au contraire à développer la patience et la clarté. En voyant les choses ainsi, nous prenons confiance en notre capacité à entrer en amitié avec toutes les formes d’expérience qu’auparavant nous aurions rejetées ou condamnées comme n’étant pas spirituelles. Nous nous serions en conséquence éloignés de nous-même. A l’évidence, il s’agit de plus se rencontrer, de mieux s’accepter, de voir que ce que nous considérons comme confusion et chaos sont précisément notre potentiel le plus intime, le plus élevé et le plus proche de l’éveil des qualités auxquelles nous aspirons. Nous ne pouvons fuir notre propre esprit, il nous retrouvera assurément. Nous ne pouvons nous cacher de la vie, elle n’a pas de recoin, tout est vu. Alors nous pouvons décider de faire face à ce qui est avec détente et amitié, plutôt que de jouer à cache-cache avec nous-même. Si nous désirons véritablement travailler avec toutes nos relations, avec les autres, nous devons réaliser que nous ne pouvons le faire qu’avec l’esprit dont nous disposons, si névrotique soit-il. Voir l’esprit de l’autre n’est possible qu’en voyant le sien. Jeux de miroir et de compassion appliquée ou jeux de dupe et d’étiquettes distribuées? à vous de choisir. Peut-être avons nous beaucoup de colère, de jalousie, d’orgueil, regardons cela comme des ressources d’éveil. En les accueillant nous faisons vivre la mine d’or du coeur doux et empathique. Nous développons la compassion envers nous-même, qui est liée à cette compréhension que dans la confusion est aussi l’éveil. Si vous souhaitez vraiment aider, il vous faudra inclure dans votre compassion des personnes à fort potentiel névrotique et pas seulement aider ceux qui sont gentils et raisonnables. Pour aider vraiment quelqu’un il faut accepter d’entrer en relation avec sa propre confusion, réussir à communiquer avec elle, la nôtre et celle d’autrui. Connaître l’esprit de l’autre pour pouvoir l’aider c’est reconnaître la spécificité de ses empreintes névrotiques, voir leur couleur, leur manière de le pousser à réagir. Sinon nous ne restons que des donneurs de leçons, réduisant l’autre à nos propres solutions alors qu’il a peut-être besoin d’un tout autre conseil. En général c’est ce que nous faisons, réduire les autres à notre propre vision, elle-même souvent limitée. Aujourd’hui je vous propose d’apprendre à regarder les aspects les plus névrotiques de votre esprit, d’aller à leur rencontre. Vous pouvez vous demander : quels sont les aspects de moi-même que j’ignore le plus délibérément, que j’exclus, que j’évite, qui me gêne, me font peur? je vous invite à faire la carte émotionnelle de vos habitudes de pensées, émotions-réactions les plus fréquentes, et d’y ouvrir sincèrement votre coeur. Que voyez-vous? Quel est votre potentiel? Bon voyage instructif au centre de vous-même – Laissez-vous guider par la sincérité qui vous fera lâcher la peur de vous rencontrer et vous fera gagner en détente et en confiance.
Vendredi 15 décembre
Nous pouvons nous perdre dans la forêt des choix, des doutes et des hésitations perpétuelles. A une amie qui me demandait comment être sûr du choix qu’elle venait de faire et dont elle commençait à sérieusement douter, alors que ce n’était pas un choix crucial, et parce qu’elle avait vécu un événement qui avait mis sa vie en danger, je lui demandais d’écouter son coeur assis sous l’arbre de l’impermamence. Car bien sûr il nous semble souvent que nous écoutons notre coeur et qu’il dit beaucoup de choses, nous nous égarons alors dans les digressions de toutes les routes possibles, et elles ont toutes leur avocat de l’ange. Douter toujours même pour de petites choses au point d’être paralysé dans les affaires du quotidien révèle que nous avons peur de nous tromper, de prendre des risques, nous aimerions une assurance qui garantisse les conséquences des mauvais choix. Nous sommes souvent plongé dans une multitude de possibles qui n’en sont pas toujours. Faire la lessive oui mais quel produit choisir peut devenir compliqué. Au final nous sommes pris dans des questions qui nous éloignent du problème de départ à solutionner, à savoir que le linge soit propre. La pensée de l’impermanence et de la mort est pleine de sagesse pour orienter son coeur, laver le linge sale et ouvrir les fenêtres. Si je devais mourir demain, que ferais-je? Si je devais mourir sans regret, que ferais-je? Que dirais-je? les choses bien faites ne laissent pas de traces. Les choses bien achevées, les systèmes bien équilibrés ne laissent pas de culpabilité. Sinon nous traînons toujours derrière nous des valises qui finissent par s’accumuler dans les placards de l’ego. Nous devons en appeler à l’intelligence du coeur face à sa destination finale. Une seule journée est le voyage d’une vie. De la naissance du jour à l’entrée dans la nuit du sommeil. L’enseignement nous rappelle : tout est impermanent, les êtres, les bouddhas, les choses, proches ou lointaines, personne n’échappe à la mort, moi aussi bientôt je serai mort ou morte. Rajoutons que les causes de mort sont multiples, que la mort est certaine mais son moment incertain, alors que décider? Beaucoup de choix qui n’en sont pas se mettront à l’arrière-plan. Vous pourrez alors faire une liste des choses essentielles que vous souhaitez faire avant de mourir et comme on ne sait pas si ce n’est pas aujourd’hui, vous vivrez cette journée synchronisée à l’essentiel. Quelle est la liste de mes souhaits principaux, dix à réaliser avant de mourir? Comment aujourd’hui oeuvrer dans cette direction? Lister dix choses que vous voulez bien faire aujourd’hui sans laisser de trace, que vous voulez bien commencer et bien terminer, sans “patate chaude” dans la bouche de votre coeur. Ne cherchez pas de grandes envolées. Par exemple si un de mes souhaits avant de mourir est de bien vivre chaque instant, je prendrai soin de bien commencer et de bien terminer les petits gestes simples du quotidien. Ma liste pourra être : 1- se lever bien disposé dans la gratitude d’être encore vivant; 2- penser à ses ancêtres en allumant une bougie, les honorer, leur demander leur force; 3- méditer debout et assis, pleinement présent aux qualités de l’esprit; 4- écrire chaque matin; 5- préparer un petit déjeuner et le savourer; 6- regarder le ciel aller marcher; 7- préparer mes prochaines interventions; 8- me laisser inspirer et rêver; 9 – donner de l’affection sincère à d’autres, qu’ils sachent qu’ils sont aimés; 10- me demander s’il y a des choses que je pourrais faire mieux… voyez la liste est vite faite, elle n’est pas exhaustive, une fois intégrée elle s’oublie. Vous pourrez, si vous le voulez, partager vos souhaits essentiels avec quelqu’un qui compte pour vous et vous dira les siens. Une fois fait vous cochez et vous vous réjouissez. Bonne pratique de l’essentiel à vivre pour vous avant de mourir. Et si tout est déjà fait, alors tout est bien. Vous pourrez peut-être aider d’autres à réaliser leurs rêves, et réaliser que c’est encore une chose à faire avant de mourir!
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