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Un lotus de clarté

Dernière mise à jour : 10 oct. 2022


En ce jour festif de décembre chacun a envie, au coeur de l’obscurité de fêter la lumière, d’espérer son retour, de souhaiter plus de tempérance, de réconciliation, de respect du vivant. Pour rester dans cet appel à la lumière en tous sens, je voudrais partager avec vous un lotus de clarté. Le lotus est par excellence le symbole du féminin. Féminin que chacun porte en soi, comme aussi le masculin. Nous associons souvent le féminin à la réceptivité, ce n’est pas la passivité ou la résignation qui en sont une déviance. Nous associons souvent le féminin à la beauté, oui belle peut-être, encore que la question fasse débat sur les clichés imposés, mais rebelle à n’en pas douter. Nous associons souvent le féminin à la maternité, enfanter éventuellement mais surtout créer des idées, des projets, des choses nouvelles où rester clairement vivant.

Pratiquer la méditation c’est contacter l’espace, l’ouverture première, la perfection du cœur déjà totalement épanoui, au sommet de sa fleur. Tout pratiquant découvre, à travers l’assise en amitié avec l’instant, le pouvoir de l’accueil, de la douceur, de la tendresse de la main ouverte. Cette expérience familiarise avec l’éternel féminin de l’être.


Thangka-Vajrayogini

A la claire fontaine de la patience j’ai trouvé l’eau si belle que je m’y suis baigné de résilience en alliance au présent régénérant les forces vives et invisibles du cœur tendre et veillant au bon grain des chemins – viens je t’accompagne que s’éclaire un peu la nuit de ta vie – dit la Grande Mère de sagesse

La tradition tantrique va plus loin qui propose de féminiser le potentiel de la vacuité en devenant la plénitude que nous sommes déjà – la vacuité ne fait pas disparaître la forme mais révèle ses ornements les plus subtils. Pas besoin de jeter l’ego il devient fierté adamantine; pas besoin de jeter les pensées, elles deviennent vagues d’argent à l’intelligence immédiate, pas besoin de jeter la confusion ce serait aussi jeter l’éveil. Pour réellement vivre cela, la compréhension et l’expérience du non soi est nécessaire, pas forcément sa réalisation totale mais son intuition bien avancée. C’est pourquoi ces pratiques de déités se font dans une progression accompagnée.  Et s’il vous est difficile de comprendre ce dont nous parlons, laissez la clarté de votre cœur l’entendre. C’est une première approche.

Résider au féminin de soi est résider dans la sagesse qui voit co-émerger dans la confusion un potentiel d’éveil, un lieu où rien n’est dissocié. Nous pouvons affirmer notre confusion et notre éveil en même temps. Les pensées sont comme des lotus de clarté sur l’immense océan de l’esprit. Plus besoin d’être méfiants de nous-mêmes, de nous couper, de nous juger, de chercher même à nous améliorer. Toutes les fixations sont vacuité libérée pour qui réalise le non soi comme corps de déité. La divinité n’est rien d’autre que l’énergie libre de fixation, l’énergie courroucée du diamant qui manifeste sa limpidité. Le non soi, loin de n’être rien, est l’expression vivante et sacrée d’une expérience qui s’informe en yidamlien sacré avec notre vraie nature sans retour en arrière possible. La clarté est ce que nous sommes, sans distance ni séparation, d’où son éclatant courroux de santé. Ne pas se ré-identifier à ses névroses, et pour cela les consumer à la magie des formes vides et symboliques, est la perspective du vajrayana, le véhicule de diamant. C’est la tradition d’où je viens et j’ai pour elle un infini respect.

Mais revenons à l’esprit de Noël. Nous n’en sommes pas si loin, nous qui fêtons au cœur de l’hiver nu et dépouillé notre nostalgie de lumière. Nous avons tous besoin d’être éclairé, des lanternes bienveillantes des uns et des autres, ce qui veut dire un petit peu plus de souci et d’attention pour tous. La clarté commence comme cela, par l’ouverture attentive et la tendresse bienveillante, réelle sans manigance, ni psychologique, ni spirituelle.

Petit à petit sur le chemin, prenons clairement conscience de notre confusion, de nos lourdeurs, de nos négligences, de nos tendances à rejeter, à vouloir détruire, à vouloir oublier. La clarté de la clarté est de réaliser que c’est exactement cela dont nous ne voulons pas qui a la nature du diamant. Ne pas rejeter ce que l’on est, ne pas se vouloir du mal, ne pas se méfier tout le temps de soi, ne pas se guetter derrière les portes de l’ego jusqu’à s’emmurer.

Respirer et ouvrir les lotus de ses yeux, dedans il y a des étoiles, la lumière que d’autres y ont mis.

Que ce qui aujourd’hui nous peine et nous blesse soit, par la pratique, l’occasion d’une alchimie, d’un nouveau départ, d’une nouvelle vie.

A tous de belles fêtes. Qu’à cette occasion, chacun déverse et voit sa propre lumière dans le regard d’un autre, inconnu ou familier, qu’il s’en réjouisse et si cela peut durer plus qu’une soirée alors des changements seront possibles qui éclaireront un peu plus la nuit de nos vies.

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