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Hélène C Wangmo

Nuages émotionnels

Dernière mise à jour : 9 oct. 2022


Ce week-end pour commencer la pratique de Tara, la prompte et courageuse qui protège et libère des peurs, j’ai demandé aux personnes présentes de lister leurs croyances sur la pratique. Quelles sont vos croyances à propos d’une pratique comme celle-ci, d’une divinité? Pensez-vous vraiment que cette pratique puisse vous libérer de vos peurs? Quelles sont vos peurs? Examiner ses croyances c’est examiner ses résistances et comprendre aussi les mécanismes qui nous amènent à ne pas pratiquer, parfois de manière plus ou moins consciente parce que nous ne pensons pas, ou une partie de nous-même pense que cela ne peut fonctionner. Bien sûr il peut y avoir des croyances positives – ou pas. Eh bien pour le savoir examinons et nommons, détectons, de sorte à commencer avec des idées claires, y compris sur notre confusion. Ensuite nous regardons en quoi toute forme de croyance, positive ou négative, est basée sur une première croyance, l’idée de séparation. Et qu’une telle pratique se situe au-delà de cette idée, dans l’accomplissement complet et parfait du lotus de l’esprit pleinement épanoui. Cela ne s’atteint pas, ne se développe pas, cela est déjà là, comme le soleil derrière les nuages. Une pratique nous change de la tête aux pieds. Notre approche reste souvent trop mental, même si nous croyons que non. Aussi j’en viens à l’importance de ressentir ce qui se passe dans notre corps. Si telle ou telle peur avait disparu, alors comment je me sentirai ? Dans l’expérience de mon corps indissociée de l’esprit que je crois être, c’est comment ? Quelles sont les sensations que je ressens ? En réalité, nous restons souvent, et j’arrête d’accabler ce pauvre mental, beaucoup trop dans le vague et le flou, dans une pauvreté concernant la reconnaissance des émotions. Le Bouddha n’a-t-il pas enseigné que sur la base des trois tendances dynamiques : attraction – répulsion et indifférence s’élèvent toutes les émotions, jusqu’à 84 000 possibilités? Evidemment on ne les nomme jamais en détail. Il y a même de nouvelles émotions qui émergent liées à nos contextes actuels. C’est là un sujet que je trouve, en tant qu’enseignante, passionnant. Affiner notre palette émotionnelle fait bouger aussi nos esprits. Ce sujet est vaste et j’y reviendrai peut-être un autre dimanche. Sinon on n’est pas sorti de table ! Ainsi, dernièrement je tombais sur un article de Cerveau et Psycho, qui évoquait cela. En Australie, par exemple, dans une tribu aborigène, il y a différents noms pour évoquer la peur. La peur d’avoir quelqu’un derrière soi, la peur de la vengeance d’un adversaire, la peur des mauvais esprits, par exemple. Un écrivain américain David Foster Wallace, a décrit le malaise ressenti lorsqu’on se laisse affaiblir par les interprétations des autres comme l'”ambiguophobie”. D’autres mots sont apparus aussi comme le “technostress” : la peur suscitée par le fait qu’un ordinateur plante ou par un téléphone dont la batterie se décharge au bout de quelques heures. Vous connaissez non ? Mais vous allez me dire à quoi ça sert wangmo de nommer toutes ces émotions c’est comme donner des noms aux nuages dans le ciel ? Exactement! Et à quoi ça sert de nommer des nuages dans le ciel ? à repérer les stratus à grise mine, les cumulus menaçants, les citrus effilochés ? ça ne va pas nous faire solidifier tout ça? Eh bien cela sert à mieux comprendre les mouvements de l’atmosphère et à prévoir ce qui risque de se passer au-dessus de nos têtes. Car si vous ne nommez pas, vous risquez de refouler et d’appauvrir votre intelligence émotionnelle et par conséquent votre compassion. Car comment comprendre et être compassionné si on ne sait pas ce que vit l’autre c’est-à-dire ce que l’on vit soi-même, souvent sans le savoir. Cela me rappelle d’ailleurs une pièce de théâtre que nous avions répétée il y a plusieurs années à la MJC du village où chaque enfant était un nuage et en prenait le caractère. C’est drôle d’entrer dans la peau d’un nuage, essayez ! Nommer les émotions nous aident à mieux nous comprendre, à mieux nous connaître, pour améliorer notre pratique et donc notre vie. Le Dalaï Lama, dans un de ses livres, disait que tout travail avec les émotions est un travail spirituel. Alors vous voyez Tara a encore du pain sur la planche !

Bon dimanche à compter les nuages !

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