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Choisir le pardon

Dernière mise à jour : 9 oct. 2022


Depuis quelques années la thématique du pardon est revenue en force dans les approches de développement personnel qui sont en lien avec des traditions ramenées d’ailleurs, non explicitement religieuses, comme les quatre accords toltèques ou Ho’oponopono. Ces approches s’intègrent parfaitement avec la quête des héros-héroïnes modernes, qui cherchent à redonner du sens et des valeurs à la personne, dans ses dimensions psychologiques et aussi pleinement humaines ou dirions-nous, mais le mot reste délicat, spirituelles.

Dans la Boussole des Cinq Racines, le pardon a plusieurs entrées possibles. Il est vu comme nettoyage des mémoires personnelles et ancestrales qui nous habitent et avec lesquelles nous entrons en interaction à travers les situations et relations de la vie quotidienne. Le pardon n’est pas l’axe essentiel, pas présenté comme tel.

Il est surtout redécouvert par la compréhension de comment fonctionne notre esprit. Nous sommes des êtres sensibles et vulnérables, facilement confrontés aux montagnes russes des blessures. Personne n’échappe à cela. Or, même si les événements et les relations nous blessent, il y a là un terrain d’indices pour mieux appréhender ce que avons à nettoyer.

Nous sommes sensibles et vulnérables et aussi impitoyables avec nous-même, aidant les autres à nous faire du mal, pensant qu’ils ont raison, que nous sommes de mauvaises personnes. Ce qui nous lie le plus aux autres n’est pas toujours la souffrance elle-même mais le fait de la non-reconnaissance de cette souffrance. C’est là que le pardon intervient comme l’acte de rendre justice à ce qui a été et en conséquence la possibilité de passer à autre chose. Mais cela ne se résoud pas toujours ainsi. Nous pouvons rester engluer dans des attentes, des sentiments d’injustice, des rages. Ce qui n’a pas été entendu sera toujours une résistance profonde à nous ouvrir. Nous ne pouvons exiger des autres qu’ils entendent, nous pouvons apprendre à nous entendre nous-même et à faire le ménage intérieur.

Nettoyer son cœur, son esprit est comme prendre soin de son corps. Et ce nettoyage nécessite un changement de vision et de perception. D’abord en regardant en nous-même, nous nous apercevons que lorsque nous restons fixés sur des blessures, nous les renforçons, les ressassons, empêchons qu’elles cicatrisent. Bien sûr, il n’est pas évident lorsque nous avons été blessé ou que l’on nous a nui de ne pas réagir. Ces réactions sont normales, elles sont même le fruit de notre discernement. Le pardon n’est pas tout voir en rose autant dire ne rien voir du tout pour se croire au-dessus des mêlées de la vie. Bien au contraire, il s’agit d’y faire face avec le regard tourné vers l’intérieur, attentif à la bonne porte à ouvrir. Ce regard qui est en lien avec le coeur en est la clé. Que veut notre coeur? il souhaite la paix, la joie, le bonheur. Or parfois nous perdons la connexion avec le terrain infiniment paisible et accueillant qu’il y a derrière le théâtre des agitations intérieures. Plutôt que de nous perdre dans des revendications vaines de justicier impuissant, il est préférable déjà de se faire le don de la paix retrouvé.

Ainsi nous pouvons nous dire ces phrases-clés qui aident à ré-ouvrir la porte de notre coeur, les dire à voix haute en les ressentant profondément:

Par le don que je me fais de l’abandon choisi et conscient de tout ressentiment haine ou rancoeur à mon égard je respire à nouveau l’espace ouvert de l’instant. Par le don que je me fais de l’abandon choisi et conscient de la colère et du ressassement à mon égard je retrouve et j’apprécie la paix en moi. Par le don que je me fais de l’abandon choisi et conscient de tout poison émotionnel je retrouve et j’apprécie la joie et une nouvelle confiance en la vie. Par le don que je me fais de l’abandon choisi et conscient de tout grief j’efface ces mémoires douloureuses et je m’ouvre à un nouveau présent. Par le don que je me fais de m’entendre avec bienveillance et vérité je retrouve le chemin de mon coeur et de ma dignité.

Le pardon a comme autre versant la gratitude. Finalement toutes ces humiliations, trahisons, abandons ont pour cible de me faire comprendre que l’amour de soi, la paix en soi ne dépend pas d’autrui mais de moi. Plus m’aimer, me respecter, me sentir justifier d’exister à mes propres yeux est ma décision. La joie d’amour est de s’approuver. Il est donc possible de reconnaître qu’en plus de blesser ou d’être blessé, c’est avant tout à moi-même que je m’adresse et de cela je suis responsable. Je suis seul.e à répondre de ce que je ressens, du poison que je distille ou du parfum que je sécrète. En prendre conscience amène à choisir d’arrêter de me faire du mal. Ce n’est pas facile de faire ce choix ni permanent, nous perdrons encore nos clés et choisirons la mauvaise porte. Ce qui sera le signe d’encore et encore nous entraîner. Connaissant le chemin, nous deviendrons de plus en plus habile à le retrouver. Et même à un moment, il sera facile d’ouvrir la porte, de la tenir et de faire passer les autres avant nous.


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