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Kaillou



Kaillou est extrait de Fleurs musculaires - paru aux éditions Kaligraf.


Jean-Baptiste est un inco, un incorrigible de la rébellion- lion lion, il vole des queues de pie, de quoi manger dans des bottes de reine quelques radis frits, et tire la langue comme un perroquet imitant les aristos et alors coup du sort, il se fait prendre la main dans le sac et hop sur le Kaillou Kanak – la traversée d’enfer enfer sur terre ou sur mer tu iras broyer ta destinée sous le soleil pestiféré féré ferré au mur d’une cellule qui brisera le javelot lot des retours sans retour – gangue de guêt et de bois prison à vie vie bannie qui renie ta venue au monde – tu feras le tour de ta tête une fois dix fois mille fois tu mourras anonyme et recherché tu l’as bien cherché non? dit le roi fainéant des guenilles labiles –

aujourd’hui je bois un verbe à ta santé à toi qui me fais tournoyer dans la prison libre des mots incos incorrigible rébellion – lion lion tu es jungle la libellule vole et part avec Louise Michel sur ses ailes de dragon – j’irai jusqu’au Japon dit le lapon – la reine aux pieds de lagon est rouge d’étoiles – hisse la voile noire et pleure un peu – alliance des retrouvailles à retardement tout de même réalisées –

Néo-kalédonien je veux kauser avec toi d’un ancêtre kané qui s’est cassé les reins sur la crête de coq de kailloux lointains – il coule du nickel dans les veines pacifiques de l’océan – la langue verte des pins lèche le bambou turquoise des vagues vague à l’âme des requins en peaux de vahiné – blanc de blanc est le vent allié au blanc sableux – au cachot la parole est indo – indocile et les mots restent dans la tour de l’esprit prie – les vents emportent la perle de lait et de lune au-delà des mers et des siècles jusqu’aux lèpres du printemps – temps de souvenirs des forçats aux amulettes sanguines – prends ta barque et embarque au large de nou nouméa – le kaillou n’est pas un lisse galet – un galet galérien dur à avaler reste en travers de tes poumons mont des morts suis la file de ces pouilleux pèlerins et ne dis rien – la somme des petits larcins ravine ton front d’un crabe amer – je deviens avocat de ta défense je t’acquitte et fais un kasse de vers pour toi – un bris syllabique énucléique et barje slamant mant sur la platine tine têtine du jour qui pot pot pourri de senteurs santal tétant d’entêtants pater ter et avé mer avé maria la la la – fleurs et chants célèbrent la vallée oubliée iée – la peur est un vieux refrain pour qui ronge son frein – il y a aussi les crocos qui alignent leur mantra serein –

petit poucet bagnard mange des miettes de pois qui lui restent sur l’estomac poids qui riment avec moins que rien – moins que rien c’est combien? – un jour l’ogre de la dette s’est volatilisé – depuis l’eau a coulé l’âme a glissé vers d’autres rendez-vous – remous des laques – une larme exilée débarque à la branche du noyer et flotte ici –

la sueur marine de tous les vents assemblés porte des perles de lait et de lune – hisse la voile des pas pas sages des passagers de passage – le clandestin est revenu sa bible de soleil à la main – la papesse jubile un lion juvénile sur les genoux –

il y a des cailloux qui alignent leur mantra serein et des fleurs qui plongent à l’horizon – être une île dans une île à l’infini de rien –

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