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Hélène C Wangmo

Le pouvoir de la parole


Je voudrais évoquer le pouvoir de la parole dans les contes et voir les résonances possibles et inspirantes avec la parole dans notre vie quotidienne. Je dirai déjà : pas trop de paroles en l'air, mais tout dépend de leur direction et pas de langue de bois, sauf celle des arbres de mon jardin.

Qu'est-ce qu'un conte ? C'est une parole qui compte, qui vit dans la voix d'un conteur qui la fait advenir au monde, mondes des échanges, des reliaisons attentives et des écoutes mutuelles, voix des échanges, des espaces où dire, où se dire, où parler, où entendre, au-delà de la matérialité ordinaire. Etymologiquement, le mot "fée", désigne "un être de parole". Le mot "fée" vient du verbe latin fari : dire ou prédire. Ce mot est riche d'autres désignations possibles comme fatum, fata, le destin, au sens de "le temps qui nous est imparti avant la mort". On pense aux Parques, qui dans la Grèce antique, présidaient aux destinées de chaque être. Ces Parques, comme de bonnes fées se penchaient sur notre berceau, tissaient le fil de notre destinée, et l'une d'elle le coupait à un moment. Peut-être y-avait-il aussi une fée qui n'avait pas été invitée, comme le rappelle les contes, et qui devenait, par sa colère, celle qui jetait les mauvais sorts, les malédictions. Fadet, fadette, fada, signifie "celle ou celui qui reçoit le don des fées", le don d'une parole simple, authentique, magique. Il était une fois, un temps où le temps ne comptait pas, dans un pays où tout pouvait avoir lieu, puisqu'aucun lieu n'existait. Ainsi commence l'histoire qui en a plusieurs, retenant notre totale présence, notre écoute entière, celle qui ouvre notre coeur et nous aide à croire à nouveau en nous, en notre potentiel. Les contes nous parlent dans leur langue étrange, nous soignent, nous proposent des solutions inattendues pour nos difficultés ordinaires. Comme lorsque nous étions enfants, le conte nous aide à nommer ce qui ne l'était pas et avait un pouvoir anxiogène et maléfique sur nous. En nommant, le conte nous fait passer de la terreur à l'apprivoisement de nos peurs. Nommer est circonscrire, faire advenir à la conscience, et se sentir libre de transformer. La parole inspirée et transmise peut même nous sauver la vie, comme dans les Mille et une nuits, où Shéhérazade, en contant chaque jour une histoire au roi échappe à sa cruauté. Ce roi, par blessure de trahison, tue au matin les jeunes femmes avec qui il a passé la nuit, afin de ne plus revivre leur infidélité. Par sa parole persuasive, Shéhérazade retarde à chaque fois la violence, la brutalité du roi. Lorsqu'un jour elle aura terminé de raconter, le roi ne l'exécutera pas. Ces contes l'ont changé. Ils ont soigné sa haine des femmes. Shéhérazade s'est émancipée par la parole, et son pouvoir de transformation. La parole est puissante, par elle nous pouvons tout dire, tout exprimer : des vérités, des mensonges, des ignorances, des réalités d'autres mondes. Elle est une énergie qui nous façonne bien plus que nous ne le pensons. petit à petit, nous finissons par ressembler à ce que nous disons. Si nous n'y prenons garde nous nous enfermons nous-même dans des paroles mortes, assassines, des habitudes, des peurs d'oser dire, des peurs de déplaire. Au lieu de nous révéler, la parole nous servira de masque.

Ce que nous disons a un effet sur nous, sur notre corps, notre cœur, notre conscience.Toutes les paroles que nous avons entendues et dites, prononcées depuis que nous sommes nés ont eu un impact sur nous. De nombreux contes débutent par l'énoncé d'une parole dite avec tellement d'intensité émotionnelle qu'elle façonne un être de chair et de sang.

Il était une fois, île était une voix iel, où nous pouvons tous nous mettre au monde, en choisissant la façon dont nous nous parlons à nous-même et dont nous utilisons la parole, conscient.e de sa magie. Observons avec plus de conscience l'intention qui nous anime. Posons nos paroles dans notre coeur qui en pèsera la vérité. Rappelons nous les conséquences des paroles dites, des paroles omises, des confusions générées, des malaises entretenus et bien d'autres inconsciences par une simple phrase.

Ai-je envie qu'il sorte de ma bouche de l'or ou des crapauds? Puis-je engager ma parole? Ou ne suis-je que fausses promesses?

Nous pouvons réfléchir au pouvoir de la parole, qui peut être champ de bataille des certitudes personnelles, ou se déployer comme une danse dans un espace co-créé d'écoute et de bienveillance.



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