Oreiller, extrait de traces sensibles pour ce vendredi poétique
Sur l’oreiller la tête devient oiseau les cheveux des plumes qui s’élèvent en rouleaux de printemps et vont vers le vent vert des rêves –
les yeux roulent la chair s’animale au lever d’ongle de la lune qui tend ses dais d’argent –
l’éventail de la taie ouvre des fenêtres où quitter l’assignation à domicile de soi – partir en poisson rouge de l’autre côté des étoiles tenir entre ses mains l’œuf d’un voyage en terre solarisée – nager dans la lumière jusqu’aux planctons balançant leurs ventres d’eau saline –
le soir la tête s’enfonce au bélier de l’oreiller où se pose l’œillet d’un pavillon d’or – Écoute encore! la fleur se corolle d’obscurité – la fleur se consume de vanité – la trêve peut commencer –
laisse toi aller à boire l’élixir de l’instant suis Orphée qui te devance à peine à l’orée des toits – va aux abords des cheminées raviver le feu perdu des alliances puis tombe dans le ciel libre tel un ange dans un pré –
as-tu remarqué que l’oreiller a des oreilles de petit fauve ? derrière le rideau Lynch-chien un chant de soprano rayé déclenche la vidéo – le vrai et le faux se ressemblent –
des sons résonnent dans la cathédrale de la nuit trop longue – l’écho se déboutonne au clocher d’un songe entrevu –
se réveiller aux premières dentelles de l’histoire et voir le plumeau des couleurs brosser des cartilages ceux de quelques morts venus visiter le cadavre sans tombe que tu es – le cadavre pas encore tout-à-fait froid – le cadavre de petit lait qui baratte sa glaise d’abeilles – ça bourdonne on en a plein les yeux on est dans la ronde de quelque chose de très beau qui s’abandonne à la pyramide des milieux – l’oreiller est un vaisseau d’écorces où frotter sa peau d’araignée où amarrer le frêle esquif de ses ligaments poussiéreux où devenir totalement autre où s’ébruiter à la phalange d’un ruisseau –
tu t’éveilles dans la sueur des vagues l’oreiller te reprend dans ses flammes et ses rouleaux sonores comme un petit animal à la croisée des mondes –
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