Pour ce vendredi poétique je vous propose Rencontre, extrait de traces sensibles
C’est à travers les rencontres qu’on se rencontre au-delà de ce que l’on croit de soi être ou pas – rencontrer l’oiseau ou le jaillissement du hasard ou encore le moustique affamé de vaine et vraie liberté cogner sans être entendu – d’un côté de la vitre le monde ouvre ses portes à la nuit fantastique et l’instant se sait rendu à lui-même – de l’autre l’hameçon d’un ailleurs agite sa beauté plastique inaccessible à l’étreinte –
rencontre sous l’aile divine battant le jour où crève un papillon bleu de nuit totalement dévolu à la rose du matin –
au cœur d’un même fruit les variations du doux et de l’amer se laissent pareillement apprécier – la sève entière d’une racine et sa branche à demi solaire aux greffes de lune argent percutent la terre au moment même où elle se mêlait au ciel fondu – qui allait vers l’autre ?
les mots mentent deux fois et enlacent la vacuité à l’orée du bois – au nom d’une plume la vérité rase la mer d’un bond fécond –
la tortue sortait la tête de l’eau à la rencontre des grandes ombres dessinant des bosses de chagrin au dos des humains – rencontre pour qui se laisse rencontrer au bal des embruns défunts – les morts prennent un bain de formes à la fenêtre du couchant – je vais vers eux et les couche sur le papier de ma chaleur – tu t’assieds et tu pleures puis vient l’heure de rêver –
ce qui te rencontre apparaît au moment où tu disparais aux réalités du jour – ton corps entre en accord croissant avec le bel inconnu attendu à la lisière de soi – tu disparais pour renaître à la vitre éclatée –
se laisser rencontrer comme on laisse l’amour filer entre les doigts des étoiles au noir du noir sans se soucier si elles tombent ou pas – se laisser rencontrer par ce qu’on ne veut pas rencontrer relève d’une acceptation totale et sans faille bien que faillible –
ne regarde pas et tu verras la rencontre se fera à la géométrie d’un mince animal livré à l’effacement d’un lieu – bien plus forts que tes songes sont les ciseaux blancs du chemin qui taillent ta socquette et la font rougir de clarté jusqu’au bout de l’éveil – à l’impuissance où abdiquer est donnée la fibre sincère d’une seule nuit de danse celle de ta vie - ne passe pas à côté du silence –
miracle ravissant par les mots poétiques jusqu'aux centres de l'infini d'un grain de poussière d'étoile
"Se laisser rencontrer par ce qu'on ne veut pas rencontrer
relève d'une acceptation totale et sans faille bien que faillible...."
Exactement ça ! Percutante
Résistance dresse la montagne qui me sépare.