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Hélène C Wangmo

Aimer le monde, aimer la vie

Dernière mise à jour : 12 oct. 2022


Comme nous l’avons évoqué dans les articles précédents (Que veut dire s’aimer soi ?Aimer l’autreAimer les autres), l’amour ne se limite pas à la relation à deux, ne se résume pas à la relation amoureuse, surtout que celle-ci pourrait souvent en être la preuve contraire. Au sein des couples, comme au sein des individus eux-mêmes, haine et désamour s’épousent et se font violence. Ce qui nous rappelle qu’aimer est un art qui se développe tout au long de la vie. Si l’impulsion est là, il y a bien des pièges de souffrance qui nous attendent au tournant des âges, des cycles, des évolutions de chacun. Aimer est à la fois simple et compliqué, selon le point de vue pris. Chacun sait déjà tout cela mais l’entendre fait peut-être du bien, d’autant plus qu’un même mot amour peut recouvrir bien des expériences.

Les manifestations de l’amour : baisers, tendresse, paroles réconfortantes, toucher enveloppant, regards bienveillants, accompagnement attentionné, aide chaleureuse, etc. s’adressent à tous, quelque que soit l’âge et le moment. Pas de prescription ni de date de péremption pour répondre au besoin fondamental, vital de donner et de recevoir.

Il n’y a pas que les nourrissons qui meurent du manque d’affection, de ne pas être touché, car tout être privé de nourritures affectives quotidiennes décline, perd sa joie, meurt un peu plus tôt. Nous le savons : même la relation à un animal permet de vivre mieux, en meilleure santé et plus longtemps. Votre chat ou votre chien sont heureux de vous voir, quelque soit votre tête, vos kilos, votre âge.

Nous savons aussi aujourd’hui, par toutes les études faites, qu’il y a des effets bénéfiques au niveau physique, physiologique, cellulaire, organique, psychique, spirituel, bref à tous les niveaux à éveiller les réseaux du coeur. Sourire, manifester de l’attention, de l’écoute, toucher si cela est bienvenu, nous reconnecte au bonheur de vivre, redéfinit notre silhouette humaine, nous enracine entre terre et ciel. Témoigner de l’amour ou de l’amitié en accueillant l’autre comme un invité, est signe de bienvenue fondamentale, de reconnaissance en égalité, de libre échange et valeur consentie. Car nous doutons toujours que nous valons la peine d’être, d’exister, de ce que nous pouvons apporter aux autres par notre présence. L’amour ou l’amitié nous protège de ces doutes vis à vis de nous-même. Nous pouvons aussi prendre soin de nous en nous traitant avec respect et douceur, avec amitié.

Toucher est un sens qui va au-delà du simple contact physique. Toucher et être touché par l’autre est réaliser qu’il a les mêmes besoins, les mêmes fragilités, les mêmes souffrances, et que nous lui donnons existence par le simple fait qu’il est un être vivant. Le plus beau cadeau que l’on puisse faire à l’autre est de ne pas l’ignorer.

L’esprit, dans sa nature profonde, est libre et ouvert et bienveillant vis à vis de toute chose et de tout être. Le regard aimant s’émerveille d’un brin d’herbe, d’un oiseau qui chante, d’un nuage à l’horizon. Nous nous ouvrons, aimons et alors nous nous sentons aimés, sans raison autre que d’être. Ce que nous donnons nous le recevons immédiatement. C’est le sentiment que nous avons parfois lorsque nous nous retrouvons dans une nature qui nous porte, où nous contemplons et nous laissons contempler.

Dans la nature, nous avons un sentiment de paix. Il est possible d’entrer en résonance avec la beauté, la bonté, et la vérité de ce qui est. Cette expérience peut nous combler, nous mettre en lien avec la plénitude d’être à l’instant. Nous pouvons apprendre à réapprendre ce don de l’amour au contact de la nature. Inconsciemment c’est parfois ce que nous cherchons en nous mettant au vert.

Aimer est une participation totale au monde à chaque instant, une présence réceptive,  pleine et vivante à la clarté du jour et l’acceptation totale de l’étreinte de la nuit. Quand l’amour disparaît reste son éclipse. C’est l’épreuve de la nuit obscure de St Jean de Lacroix, la disparition totale de la présence de l’amour et comment ne pas en désespérer. Aimer quand il n’y a plus d’amour est l’épreuve spirituelle et mystique dont certains grands voyageurs de l’âme humaine ont témoigné. L’amour passe toujours par sa disparition, comme l’épreuve suprême d’un total non attachement, y compris à l’amour lui-même. Comment croire à l’amour quand toutes ses manifestations ont disparu? chacun trouvera un écho à sa manière dans cette question sans réponse autre que l’expérience.

Nous sommes des êtres de relation et nous avons tous besoin, à tout moment de notre vie, de donner et de recevoir. C’est l’élan même de la vie, son essence spirituelle. Nous aimons parce que nous sommes déjà amour. Cet amour peut s’exprimer dans une relation à un autre particulier ou à tout autre. L’amour appelle l’amour. L’autre n’est là que pour éveiller cette disponibilité fondamentale qui peut se révéler de bien d’autres manières.

Nous pouvons nous éprouver nous-même comme source inconditionnelle d’amour. Aimer le monde, aimer la vie est, dans sa simplicité extrême, juste laisser être le coeur clair et patient dans le rayonnement de sa propre lumière, dont rien n’est exclu et qui englobe tout.

Si nous sommes nés, c’est que nous venons de l’amour, de cette force qui nous dépasse, c’est que nous avons réussi ce passage difficile de venir à l’existence. Naître est une réussite de ce point de vue, même si l’histoire qui y préside est douloureuse. Pour aimer la vie, nous devons la désengluer de la confusion qui nous fait la refuser alors que nous en sommes les enfants. Toute personne doit considérer sa naissance comme une réussite, le fruit de l’amour, même si cet amour dans ses manifestations humaines n’a duré que quelques secondes.

La meilleure façon de rembourser ce don, cette dette est de vivre à notre tour, d’aimer la vie, ce qui veut dire en faire quelque chose dans ce monde. Nous avons parfois besoin de nous réconcilier avec le monde, avec la vie, avec le don qui nous a été fait. Cela passe par la réconciliation avec soi, avec ses lignées, avec le masculin et le féminin, avec nos souhaits du coeur, avec nos qualités et pourrait-on dire avec notre destin. Non de façon passive mais en acceptant de changer ce qui peut l’être.

Aimer, c’est à la fois un mouvement naturel et un art. La source est là mais de nombreux voiles nous empêchent d’y accéder, des peurs du rejet et des blessures d’abandon, de trahison, de désamour.

Nous pouvons décider d’aimer la vie sans attendre. Nous pouvons décider de sourire avant que les autres ne le fassent. Cela commence en apprenant à nous réjouir des petites choses simples du quotidien, en alignant nos paroles, nos pensées et nos actions sur la conviction que nous ferons tout pour ne pas nous mettre en désamour. Cela requiert la vigilance du coeur, l’intelligence de l’esprit, et le désir d’incarner notre essence la plus vraie.

L’amour est confiant qui sait se relever quand il échoue à être entendu pour continuer sa course autour du soleil.

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