Puisque le printemps a sonné, j’en profite pour vous parler des émotions. Oui, je sais on en a déjà parlé plein de fois! peut-être mais était-ce au printemps et puis tout bouge alors on peut bien refleurir à chaque idée, ce n’est jamais complètement la même. Ce texte fait écho à celui de dimanche dernier où je vous avais promis quelques démystifications à considérer quand on avance vers le meilleur de soi. Les idées fausses jalonnent parfois les chemins nous faisant perdre beaucoup de temps or celui-ci est précieux, vous serez d’accord avec moi que le temps c’est du vivant plus que de l’argent et donc tirez-en vous même la conclusion.
Une des idées répandues est que nos émotions sont mauvaises, tout comme l’ego, dont il faudrait se débarrasser. Difficile de développer de l’amitié envers soi-même, par ailleurs fortement recommandée, si vous commencez par exclure tout un pan de vous-même. Vraiment il est important de prendre conscience que les émotions ne sont pas mauvaises et que l’ego n’est pas l’ennemi numéro 1 à abattre. On se fait beaucoup de mal en pensant ainsi.
Il y a autant d’émotions – d’expériences sensorielles et spirituelles que de fleurs à venir dans les champs – certes nos émotions peuvent être désagréables ou se révéler toxiques à haute dose comme du poison mais fondamentalement elles nous préviennent de ce qui est en train de se passer en moi dans telle ou telle situation ou relation.
La colère, la tristesse ou la peur me disent que certains de mes besoins fondamentaux ne sont pas en équilibre ou sont bafoués. Vous pouvez donc manifester ce que vous ressentez, plutôt que de penser que ce n’est pas bien, cela fait partie d’un chemin spirituel qui est de faire face à ce qui est, sans se cacher derrière des masques de déni. Oui j’éprouve de la colère, de la rage, de la peur car j’ai besoin d’être respecté, aimé et rassuré par exemple, et il est bien de trouver les mots pour le dire, avec toute l’intensité requise. Et cela est spirituel véritablement.
Certes la manière de le faire est un apprentissage mais en tous cas il vaut mieux exprimer même maladroitement que de refouler. Car le risque est que cela entraîne un déséquilibre physique-physiologique qui risque de se transformer en maladie. Si vous avez l’impression d’être submergé par vos émotions aujourd’hui, comme par exemple la peur ou la colère, c’est que vous vous êtes coupé de vos émotions à un moment. Vous avez peut-être des crises d’angoisse qui vous tétanisent ou des crises de colère, de rage que vous ne pouvez contrôler. Cela signifie que vous n’avez pu exprimer ces émotions, qui au départ n’étaient peut-être pas si terribles, que vous avez fait pression sur elles, que vous avez mis un couvercle dessus et que tout cela finit par bouillir, par vouloir sortir, n’importe comment ou à des moments inappropriés. Plus on essaie de se couper de ses émotions et plus elles se manifesteront avec une force redoutable. Il est donc bon de les accueillir en essayant de comprendre ce qu’elles nous disent, d’affiner notre écoute et notre vocabulaire pour en parler franchement. Si vous êtes en colère dites-le plutôt que de tourner autour du pot. Restez avec ce qui se présente et reconnaissez-le. Ainsi vous éviterez d’accumuler des semaines, voire des années d’énergie explosive, plus destructrice pour vous et pour les autres aussi qu’une bombe.
Vous ne pouvez pas vous libérez de vos peurs mais vous pouvez apprendre à vivre avec.
De même l’ego est un processus qui aide à faire des choix, son pouvoir est limité et sa vision aussi. Mais il n’y a rien à jeter, juste à observer, regarder, et remettre les choses à leur place. Je ne vais pas laisser ce qui est limité diriger ma vie. Je regarde de quoi est fait cet ego. J’apprends à le connaître et non à l’engraisser.
Voici mon chien, mon chat et mon ego.
Plutôt que de jouer à être des sages constipés d’indifférence qui deviendront des incontinents émotionnels, je reconnais humblement mon humanité de fange et de fumier. N’est-ce pas ainsi que le lotus fleuri, sa tige dans la boue nauséabonde? N’ayez pas peur de ce que vous êtes. Soyez-le et observez avec toute votre intelligence humaine. Apprenez à lire, à décrypter vos émotions, et aussi celles des autres, c’est indispensable pour être réellement compassionnée.
Comment aider les autres si on refuse d’être soi? Or l’enseignement invite à se confronter à la réalité et c’est vrai pour tous. Pas seulement se contenter de dire de belles paroles mais voir comment s’aider dans la vie avec plus de conscience et d’accueil de soi. Et cela commence par ré-habiter en soi. Sur ce, bons œufs de dimanche Pascal !
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