L’amour est une ressource renouvelable. En ce printemps, des fleurs surgissent ça et là, à l’impromptu des regards comme si elles venaient juste de sortir de terre. Le printemps fait cet effet de jaillissement heureux et lumineux. La vie refleurit et nous sentons couler dans nos veines une vigueur nouvelle. Nous pouvons tout aimer : les fleurs, les arbres, les oiseaux, et toutes les formes d’animaux et même les êtres humains, et même nous-même.
Il ne s’agit pas de réduire l’amour à un sentiment mais de le vivre comme une expérience qui embrasse toute chose et tout être sans discriminer. Bien sûr, si vous vous sentez en danger, vous prendrez vos distances mais cela ne signifie pas que vous cessez d’aimer. Vous êtes capable de voir ce qu’il y a sous la surface de l’ego, des blessures, des souffrances. Certes vous préférerez le petit chat tout mignon à la grosse araignée velue. Néanmoins vous n’allez pas détester l’araignée parce qu’elle est ce qu’elle est. Elle n’a rien contre vous, elle est juste ce qu’elle est.
Aimer contient la joie d’aimer. L’amour est à lui-même sa rétribution. Il ne s’agit pas d’une vision romantique et naïve de la vie ou des autres mais d’une expérience de don sans attentes et qui s’adresse à toute relation, humaine ou non.
Il y a tant de souffrances dans les relations qu’on se demande parfois comment partager cette expérience d’amour au quotidien. Des études récentes ont montré que 4% seulement des femmes pensent qu’elles sont belles et 60% pensent qu’elles devraient maigrir pour être aimées. Dans une société de compétition et de comparaison, les êtres sont fragilisés et pensent ne pas être assez bons, assez bien, assez performants. C’est une course à la souffrance. Il semble alors que l’amour soit une lutte où l’on est toujours perdant car il y a toujours mieux. Au lieu d’être cet élan d’inclusion, l’amour devient ce qui discrimine, rejette : pas assez jeune, trop gros, trop petite, etc.
Dans l’enseignement des quatre nobles réalités du Bouddha, je rajouterai volontiers cette souffrance, à l’heure actuelle, celle de ne pas se sentir aimable. Regardez autour de vous, qu’est-ce qui engendre tant de solitude, d’isolement, de dépréciation de soi et de dépression, c’est le manque d’amour. Il est important de donner de la chaleur, de la tendresse, de la douceur, de rassurer ses enfants, par exemple, si vous êtes parents et ceux que vous rencontrez si vous êtes dans une relation que vous voulez pleinement humaine. C’est aujourd’hui le mal-être le plus répandu : tout le monde cherche l’amour et peu le trouve.
Donnez-vous aussi à vous même tous ces soins aimants car, répétons le encore, nous avons tous besoin d’amour et cela n’a rien d’abstrait ni de romantique. La dureté, l’indifférence, la froideur n’apportent rien de bon. Et vous appréciez-vous qu’on soit dur, indifférent et froid avec vous?
Ecoutez ce que l’oiseau vous dit, là où la fleur vous sourit. Chacun sait au fond de son cœur qu’il est une bombe d’amour prête à irradier la joie, prête à contaminer, à infuser un sacré virus. Traitez les autres comme vous aimeriez être traités. Dites leur qu’ils comptent pour vous. Donnez tout ce que vous pouvez – laissez s’écouler la rivière que vous êtes et au diable les maladresses.
Vous allez me dire que tout cela vous le savez déjà, c’est un conseil spirituel très courant, mais qui le met vraiment en pratique? Faites circuler les messages, les contacts, les mots de réconfort quand quelqu’un traverse une période difficile, soyez à l’écoute sincèrement. Mettez-vous à sa place – ne vous refermez pas dans votre coquille, vos peurs, ne devenez pas un automate des relations, ne cherchez pas à contrôler le cœur des autres.
Car ce qui nous empêche parfois de montrer que nous sommes aimants c’est la peur. Peur d’être envahi, de ne plus rien maîtriser, peur de la vie en l’autre qui déborde toujours des cases et des classeurs. Apprenons à faire confiance. Caresser un chat, nourrir un oiseau, arroser une plante, prendre soin de chaque chose quotidienne, sont des actes, des gestes de présence, d’attention et d’amour qui nous reviennent, qui nous élèvent, qui nous humanisent véritablement.
Alors en ce dimanche laissez exploser les bombes de votre cœur et partagez la brioche des tendresses données et reçues . Rien de plus nourrissant qu’un pain rompu et offert !
Comments