Nous naissons confiants. Enfant, nous apprenons à marcher en tombant et en nous relevant. L’enfant ne se dit pas qu’on va se moquer de lui, qu’il ne va pas y arriver, qu’il est différent à tel point qu’il est le seul enfant à ne pas réussir à faire ce que tous les enfants font ou autres scénarios de télé-réalité où j’ai choisi de m’enfoirer et c’est mon choix et basta! Non l’enfant ne se dit pas tout ça, nous naissons confiants et prêts à l’amour, qu’on ait des biscottos ou pas, qu’on fasse du 40 de tour de taille ou pas, qu’on ait trois mois ou 60 ans.
Alors qu’est-ce qui fait qu’ensuite nous perdons cette confiance naturelle? C’est que nous devenons conscient du regard des autres, pas toujours bienveillant, et ce regard sur nous renvoie aussi à notre histoire personnelle et familiale, à nos fragilités et autres talons d’Achille où il est facile d’être tué sur place.
Qu’est-ce qui s’est passé dans ma vie pour que je sois bloqué à tel ou tel endroit? Par exemple, si on s’est moqué de moi à l’école un jour où j’ai pris la parole, par exemple en anglais, why not? j’aurai peut-être une trace handicapante sur ma langue même adulte lorsque je serai plongé dans une situation qui me demandera de parler anglais et là je me sentirai peut-être paniquée à l’autre bout du monde outre mesure, et bien sûr de façon inconsciente, la cause m’en reste cachée, je n’en vois que les effets.
Travailler sur le souvenir c’est une chose mais c’est sur l’émotion principalement qu’il s’agit de se pencher. L’accès au ressenti toujours présent nous aidera à dépasser ces blocages à répétition. Car, heureusement, ils peuvent se dépasser. En acceptant de revivre l’émotion – énergie du ressenti dans le corps et pensées associées – pour la traverser, l’apaiser et la laisser se transformer en une nouvelle énergie disponible. Dit comme ça, ça parait simple et tout le monde comprend sauf que nous avons besoin pour enclencher le processus d’un accompagnant neutre permettant l’espace où dire sans dissimulation.
Nous sommes très fort en cache-cache avec la vérité. Nous pouvons aussi réaliser que la situation actuelle est différente et prendre conscience que nous projetons sur celle-ci. Mais il est surtout important d’agir au niveau de l’émotion vécue, du ressenti qui écrivent le script avec une intensité qui reste intacte. La force émotionnelle engrammée des chocs rencontrés ne baisse pas. Si on ne s’en aperçoit pas c’est que cette puissance peut être masquée et ne pas poser de problème la plupart du temps. Sauf à élargir son champ de conscience volontairement au sens accepter que nous avons tous une histoire qui nous influence, pour le meilleur et pour le pire. Ce n’est pas psychologiser la vie, ce n’est pas j’y crois pas donc ça n’existe pas. C’est juste un fait qui saute aux yeux quand on commence à pratiquer la pleine conscience.
ieux comprendre son histoire reste pertinent et libérateur. On ne cesse de la revisiter toute sa vie, c’est la condition pour en faire autre chose qu’une tragi-comédie. Cela fait partie de la première noble réalité, il y a la souffrance et pas d’exception, personne n’y échappe. A nous de regarder, de lister toutes les formes de souffrance qui existent parce que c’est le seul moyen d’en sortir. Il n’y a pas ceux qui souffrent et les autres. Nous sommes tous dans le même bateau à migrer vers l’éveil de plus de conscience et l’aventure commence précisément par soi. C’est la voie des bodhisattvas, un sens de l’altérité nécessaire à la compassion. Je souffre, tu souffres, il ou elle souffre, nous, vous etc. La souffrance se conjugue à tous les temps de l’humaine condition et pas que.
Revenons à notre mouton crépitant d’humanité. On pourrait s’enfermer dans le script de son histoire, comme lorsque l’on dit : depuis toujours, depuis l’enfance, ça a toujours été comme ça… si on écoute bien le langage dans lequel nous nous exprimons nous pouvons voir que notre prison commence là et s’y reconstruit avec une fidélité qui dépasse l’entendement.
D’où la nécessité d’un langage autre, plus juste, plus vrai. La pratique apprend à reconnaître ses pensées comme dénuées d’existence propre. Oui mais cela n’empêche pas de rester attentif à comment nous nous exprimons et nous enfermons dans des scripts qui d’ailleurs ne sont peut-être pas complètement les nôtres. A nous d’aller y voir.
Retrouver la confiance naturelle passe par se libérer du regard des autres. Et ce n’est pas une mince affaire car même lorsque les autres ne sont pas là de visu ils y sont quand même, quelque part en nous, à nous superviser la vie. Se libérer du regard d’autrui peut être aussi de décider de porter sur nous un regard bienveillant quelque soit ce que les autres nous renvoient, sans fausse naïveté ni incrédulité. Sachez que les inconscients parlent aux inconscients, donc il y a ce qu’on dit et ce qu’on envoie comme message. Et parfois les deux sont diamétralement opposés. Donc même si vous avez saisi beaucoup de choses dans un regard qui peut être d’ailleurs un non-regard, décidez de rester aligné sur votre détermination à accueillir tout ce qui vient, à la Forest Gump qui choisit toujours le bon bonbon dans la boîte de chocolats puisqu’il n’y a que des bons. Et si vous ratez, pas grave! croyez-moi vous aurez d’autres occasions de dialoguer avec des fauves.
Comme nous sommes des êtres humains, moins doués même qu’un chimpanzé pour compter, il nous faut du temps pour voir vraiment. Alors chaque jour ravivez votre petite pme: patience, énergie et méditation. Chacun est libre de sa vision tout en ne l’étant pas. N’allons pas nous raconter des carabistouilles spirituelles pour nous faciliter l’inconséquence. La vie quotidienne est bien concrète et nous voyons parfois la distance entre notre aspiration et sa réalisation. Mais même si vous tombez plusieurs fois pour une de réussi, vous pouvez vous relever encore et encore, rappelez-vous l’enfant qui fait et ne se regarde pas faire. Sauf que nous sommes et ne sommes plus des enfants, alors nous devons prendre en compte tous ces paramètres avec l’intelligence de la sagesse qui s’expérimente sans rien attendre.
Bon dimanche et arrête de t’empiffrer de gâteau au chocolat, t’as vu comme t’as grossie? script intérieur de la bulle au-dessus de la tête: bonjour les regards sur la plage ou au bord de la piscine, la honte que je me fais quand les autres me la font dis donc! Allez je crois que je vais en reprendre une part de bombe au choco et basta! je resterai au fond de mon lit en maillot de bain à ramer dans l’eau de mes draps, seule. Et peut-être que j’appellerai Forest au téléphone…
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