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Dur et noir comme un caillou

Dernière mise à jour : 9 oct. 2022


Ce soir, après la session de pratique ensemble sur youtube, où nous avons fait un tonglen spécial, ouvrant les vannes du coeur et distribuant ses trésors en toute direction, vers tous les êtres, une amie m’écrit : la pratique m’a fait beaucoup de bien car au début mon coeur était dur et noir comme un caillou. Quelle belle évocation que cette image et si juste, chacun-e peut la ressentir dans sa chair, parfois le coeur est dur et noir comme un caillou, n’est-ce pas?

Il est si bon de reconnaître ce qui a lieu, de se l’avouer, de déposer ces fardeaux plutôt que de les accumuler et de les traîner comme les boulets d’une prison qu’on recrée sans cesse et dont on est victime. On peut s’arrêter. La pratique aide à s’arrêter. La question n’est pas celle d’un coussin sur lequel on prend place, mais d’arrêter d’ériger à l’intérieur de soi des murs de peur. Et cela demande beaucoup de vigilance, d’arrêter de penser comme d’habitude, de croire de manière automatique, de se sentir perdu au milieu de ses vieilles certitudes et de ne pas céder à la tentation de les reprendre. Cela demande du courage, de l’entraînement. L’espace rougeoyant du coeur chaleureux, sait dans son intimité souveraine qu’exister est faire l’expérience de l’amour et de la douleur, de la beauté et de la tristesse,  de l’ombre et la lumière comme inséparables, à l’exemple d’une pièce à deux faces. L’une n’est pas le contraire de l’autre, ce sont deux aspects d’une énergie toujours en mouvement – Paradoxes et koans de la vie, main dans la main, jamais ne s’ennuient –

Au versant clair, au versant sombre, qui déplace la montagne?

Respirer par le coeur est rendre palpable les soubresauts de nos blessures, qui ont la saveur aigre et douce des traces de nos histoires personnelles. Nous ne pouvons en faire l’économie. Nous ne pouvons contourner l’essence de notre vulnérabilité et de notre force, elles émergent du même endroit. Il y a le frisson sur la peau au départ, cette fine membrane de l’âme où tout rebondit, comme lorsque l’on entre dans l’eau et que la température du corps a à s’ajuster. Ces moments de flottement, d’incertitude, est-ce que l’on va réussir à s’immerger? Est-ce que l’on va réussir à s’ouvrir à toute cette amplitude d’amour inconditionnel que l’on appréhende comme séparée, et que pourtant nous vibrons déjà? Est-ce que la résistance va lâcher?

Le poisson cherche sa maison parfois il saute et replonge tête la première parfois non mais c’est en nageant qu’il sait où il va 

La douceur enveloppante a laissé être le petit caillou noir et dur pour que nous y prêtions une attention particulière, que nous écoutions dans le silence et la présence nue les craquelures de cette jolie poterie, à soigner, à re-dorer, plutôt que d’ignorer, de combattre et de chasser. Inutile de nous en vouloir, ou de penser ne pas être comme il faut, nous culpabiliser ou nous mépriser, nous pouvons reconnaître le joyau de l’amour inconditionnel, ensorcelé de souffrances. Comme dans les contes, la fée a des allures de sorcière, on peut facilement passer à côté. Tout est question de regard porter sur. Rien n’est dans la chose elle-même, tout est dans la perception.

Le petit caillou noir et dur de ton coeur se donne à la présence éveillée et tous les bouddha sourient à ce diamant caché innocemment offert 

Le vrai sens de la pratique, chère amie, ce soir était précisément de se tourner avec amour, de donner un peu de son temps, à cette expérience de gel, de blocage, de partir de cette main tendue du vilain petit caillou dont tu pouvais te détourner et qui alors t’aurait enfermée. Et, tu en as témoigné finalement, c’est ce qui s’est fait naturellement, tu as pris la main tendue. Ne rien rejeter, regarder, observer avec la tendresse qui jamais ne repousse et toujours acquiesce à l’équanimité du ciel et à la stabilité de la terre.

La session de pratique du lundi 30 mars :


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