Nous oublions souvent qu’agir ou ne pas agir nécessite un effort. C’est en pratiquant que nous pouvons nous le rappeler : aller jusqu’au coussin est parfois un rude labeur. Nous nous consolons alors en nous rappelant que l’effort, dans nos sociétés modernes, est passé de mode. Tu veux ça , facile! tu cliques, tu presses un bouton ou tu glisses ton doigt sur des écrans magiques. Mais pour la méditation, nous redevenons ouvrier, prolo du coussin, la libération par adhésion à l’énergie consentie de bienfaits à court et long terme, séduisant mais c’est pas dans l’air du temps et surtout ça mobilise.
Agir c’est entrer dans le verbe. Jusqu’ici on était nom commun ou adjectif, genre moi je suis ci et ça et voilà que méditer se conjugue à tous les temps du présent intemporel. Non seulement méditer mais aussi les autres verbes qui vont à sa suite, car un verbe ne voyage jamais seul, il y a aussi voir et comprendre, guérir de sa procrastination, agir de manière juste, sortir du carré de son oreiller, même si on l’aime, dépasser les limites habituelles de son confort personnel. Tout cela ressemble quand même à faire, travailler, s’entraîner, et là nous pouvons mettre quelques adverbes éclairants et complémentaires, qui ont pour nom : persévérance, patience, humilité, sans attente de résultats, sans se regarder faire et obtenir. Voyez naturellement on ne peut se passer de tous ces verbes qui reviennent pour nous aider à nous y mettre sérieusement.
Je vais vous dire le secret : une fois dans l’effort, on oublie l’effort; une fois dans l’action, on oublie l’action; une fois dans l’action, on devient l’action, l’action sans la préméditation d’un sujet ni le ressentiment d’un rejet. Alors vient la joie, celle que l’on appelle la joie du sans effort, la joie de la non action, l’énergie libre qui ne se regarde pas, ne déprime pas, ne se sabote pas. Suffit juste de faire le premier pas. Un chemin commence toujours comme ça : un premier pas en entraîne un autre et finalement la marche se fait toute seule et l’amour de marcher vient avec. Alors vous vous mettez en route pour l’amour de l’action et pour l’action de l’amour et finalement vous devenez ce que vous avez toujours été mais que vous aviez oublié car d’autres efforts inutiles vous ont amené à ne plus discerner le sens véritable du changement.
En route vers sa vraie nature, voilà ce qu’est l’esprit. Vraie parce qu’elle n’est pas dépendante de notre bon vouloir, de notre volonté, de nos décisions. Vraie parce qu’elle nous précède lorsque lâche l’illusion.
Encore et encore se confronter à la difficulté de l’entraînement de chaque instant – quoique tu fasses dormir t’habiller uriner soutiens l’esprit neuf du débutant plutôt que la butée d’un vétéran – ne fais pas la guerre au moment mais applique toi précisément à voir qu’à cet endroit où tu déploies beaucoup d’effort le non effort advient – libère toi en chemin – libère l’effort et trouve la joie d’avancer un pas après l’autre – te voilà presque arrivé!
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