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la méditation n’est pas cousue de fil blanc

Dernière mise à jour : 13 nov. 2022


Comme la pluie arrose toutes sortes de végétaux et fait pousser aussi bien les graines des fruits et des légumes que les mauvaises herbes, la méditation détient cette même force de faire s’élever toutes sortes d’expériences. Que celles-ci soient agréables ou désagréables, peu importe! il ne s’agit pas de s’identifier à des expériences gratifiantes ou pas. Si bonnes expériences il y a, laissons les aller une fois reconnues; si mauvaises expériences il y a, laissons les aller une fois reconnues. Coupons les étiquettes.

Sans attente et sans crainte, sans espoir et sans peur est la devise de la voie du milieu qui protège des tendances habituelles à saisir la coloration de l’instant pour savoir quoi en faire dans le grand classeur étriqué du mental : d’un côté les bonnes expériences, de l’autre les indésirables, sans compter celles qui sont justement les points aveugles qui les lient toutes en une séparation continue, ce sont les expériences d’opacité censées colmater les brèches.

Non, méditer n’est pas se lover dans la couette rose et béate du tout va bien, ce n’est pas non plus se prendre le chou pour ne faire que des garçons. Toute existence est germe d’éveil, demandez à la pluie ce qu’elle en pense.

Trève de métaphores et de jardinage, méditer est déciller les yeux, se familiariser avec la sobre lucidité de l’eau qui tombe, ce qui précisément est en train d’arriver en ce moment. Alors entrons dans le courant plutôt que d’y résister. Nous y verrons de tout, enfin nous aurons vu le bel imposteur qui a peur de se noyer dans un verre d’eau, entendez ce qui en nous altère et tourmente d’autres parties de nous-même, avec une énergique sagacité. Ce rôle d’imposteur varie d’aspects, selon les moments et les situations, selon la météo imprévisible du bonheur.  Le meilleur du rôle et de ses réparties étant de nous faire croire que l’imposteur ce n’est pas lui mais l’autre. Ses visages sont multiples et malicieux mais fondamentalement impalpables.

Enlève la housse qui te sépare du face à la pluie et reçois ce qui arrive sans en faire tout un plat. Evite les exagérations qui te mystifient toi-même et ne cours pas après les lances du bien-être sinon elles se retourneront contre toi dès que tu auras le dos tourné.

Et si cela arrive, ne regrette pas non plus la pluie non venue.

Méditer n’est pas cousu de fil blanc. Ce n’est pas ne plus aller aux toilettes ou se rincer la bouche toutes les trente secondes avec des bien pensances spirituelles.

Un jour ou l’autre il faut crever l’abcès qui se nourrit de ses propres déjections : accueillir? même pas accueillir, ni ça ni pas ça : tu es quelqu’un de bien, n’en doute pas et passe à autre chose, à l’éveil par exemple. Remonte les manches de ton ego et fais face à la puissance de la pluie qui te montre que méditer te secoue le coco et fait tomber toutes sortes d’engeances dans ton giron : il n’y a rien à choisir, rien à évincer de ton port d’attache. Juste reste à écouter le bruit blanc du silence entre les gouttes de la non pensée – et passe à autre chose.

A travers le rideau de la pluie le frais bosquet des expériences consumées a révélé ce qui de soi-même s’est reconnu clair et vide et traversant les apparences –

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