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Ne refoule pas la vacuité

Dernière mise à jour : 12 oct. 2022


Selon certaines approches, le refoulement est celui des désirs sexuels, selon d’autres, la psychologie existentielle par exemple, le refoulement est celui de la mort. Dans la psychologie du non soi qu’est le dharma,  le refoulement est celui de la vacuité.  Au fond de nos tripes, nous sentons bien que quelque chose cloche, que l’irréalité des choses fait oeuvre quotidienne, rongeant et grignotant notre désir problématique d’être de plus en plus solidement réel.

Socialement comment être plus réel? plus d’argent, de célébrité, de pouvoir? sachez qu’un ou les trois ne pourront colmater la brèche que vous ressentez au creux de votre être, le soir au fond de votre lit, dans la solitude des abîmes de l’existence, à la ville comme aux champs.

Nous n’aimons pas la vacuité, nous avons un problème avec le rien, n’être rien.  Et là on entend penser les egos de loin : n’être personne qui veut cela? justement personne. Ne nous trompons pas d’ennemi.

Personne vient du latin persona, masque, une fois enlevé le masque il n’y a rien dessous mais pourquoi vouloir aller voir derrière? c’est là le problème véritable : croire que derrière les choses il y a quelque chose d’inconditionné, un moi qui résiste à tout, à l’irréalité que nous ressentons. Croire qu’il y a une preuve irréfutable de l’existence de soi. La démarche est romantique mais pas très saine, encore moins, pour le coup, réaliste.

La bonne nouvelle est que la vacuité n’est pas un problème, au contraire, avec la méditation nous apprenons à ne pas la refouler, à entrer en amitié avec sa présence, inutile de soulever le masque, nous voyons à travers et nous pouvons aussi inclure sa ou ses formes. La vacuité, shunyata, est l’expression d’une baudruche inexistante, en même temps que le potentiel d’une femme enceinte dont le ventre abouti contient un sacré potentiel à libérer.

Inutile de fuir au royaume des échappatoires où tu es passé maître, la vacuité te court après comme l’ombre inséparable de ta propre lumière. Comme dans l’histoire de la femme squelette, un conte où un pêcheur croit attraper un gros poisson pour s’engraisser pendant des lustres et se repaître sa vie durant avec d’autres de cette bonne prise. L’avidité à exister ne pensait pas tomber, dans les eaux de l’inconscient, sur un tel butin : et là au bout de sa ligne surgit le vrai trésor : un crâne peigné d’algues et crustacé de petits coquillages verdâtres, vision d’épouvante d’un zombie féminin, sorti des eaux, genre la vénus de Botticelli, version film d’horreur. Alors il fuit, la peur le précipite et lui fait enjamber des kilomètres de plaines enneigées, pendant qu’au bout de sa ligne, la femme entortillée le suit avec autant d’avidité qu’il en met à s’échapper. Au passage elle se nourrit un peu et lorsqu’il arrive dans son igloo, croyant avoir échappé à cette rencontre,  à la lueur d’un feu de nuit, il la voit là, elle le regarde tremblante de peur. Moment de je ne sais pas ce qui va se passer, dans ce possible imprévu de l’instant.  Faisant face à ce qui l’intimidait jusqu’ici, dans la chaleur de l’intimité, il voit vraiment ses os enchevêtrés, il la voit de plus en plus distinctement. Il s’approche et à sa peur succèdent la compassion pour lui, la confiance pour elle. Le regard de prajna, la réalisation de l’insubstantialité inséparable des formes qui l’animent agit.  La vacuité accouche la plénitude, si nous ne la refoulons pas. La peur de n’être rien contient d’autres versants que la déstabilisation et la désillusion, la réalité insubstantielle et chaleureuse d’un coeur capable d’accepter et d’accueillir ce qu’avant, dans ses croyances,  il redoutait le plus.

à la vacuité de la forme font écho les formes des vacuités ne rejette ni ne prends les vues extrêmes qui séparent l’eau de sa clarté initiale alors qu’elle distribue ses félicités à la ronde des toi –


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