Ne te regarde pas pratiquer! C’est l’instruction qui coupe court à toutes nos hésitations, doutes et obstacles à n’en plus finir, de tergiversations en accommodements, c’est sans fin. Certes, toutes les réponses données aux obstacles que nous pouvons rencontrer ont leur sens au moment où ces obstacles se présentent et où les explications et antidotes sont proposés. Mais il y a de multiples niveaux de réponses et le niveau ultime pour clore le bec à l’ego c’est de couper à la racine toutes nos questions destinées à contourner, à s’arranger avec, là encore à chercher le confort avant tout.
C’est donc la source de la question qu’il s ‘agit d’interroger plutôt que de chercher à être leurré par les questions elles-mêmes. Dans le fond, qu’est-ce que je cherche à éviter? Qu’est-ce que je veux vraiment? C’est quoi le sens derrière ces apparentes limitations, ces pseudo-problèmes alors que l’oiseau passe sans laisser de trace dans le ciel? La pratique de la méditation n’est pas confortable. Oui, dites le vous une fois pour toutes. Cherchant la lumière, vous rencontrerez vos pires démons, vos laideurs intérieures, vos petites concessions avec le mensonge, vos sordides manipulations, vos humeurs exécrables, vos naïvetés de oui oui au pays du développement personnel, encore tenté de se la raconter, cherchant à tout contrôler, la trouille aux fesses, et le sourire aux lèvres. Non, vous n’échapperez pas à toutes vos tentatives d’échapper, vous verrez en face la verrue sur le nez de vos enfantillages, et vous aurez envie de ne jamais avoir commencé ce chemin qui n’en n’est pas un, en plus!
Vous pesterez, vous douterez, vous en voudrez aux bouddhas eux-mêmes, à ceux qui vous enseignent. Vous chercherez leurs défauts, pour vous défausser, jusqu’à vous retourner sur vous-même.
L’ignorance, l’illusion semblent plus cool, mais c’est un leurre. Ne restez pas bloqué dans ces entre-deux qui font que l’on a déconstruit des croyances, on s’est délesté d’un certain nombre de bagages inutiles mais on hésite quand l’inconnu se présente à franchir la ligne de non retour. Dois-je aller sur l’autre rive? Dois-je quitter la confusion?
La pratique est miroir, elle me montre ce que je suis et où j’en suis. Si je ressens de l’ennui, le coeur sec, la colère, tout ce que je n’ai pas réglé, eh bien c’est l’opportunité d’une vraie prise de conscience. Et après ça vous dites quoi? eh bien pratique sans te regarder. Et cette attitude est un vrai pas, un vrai bienfait. Dois-je pratiquer ou pas? Et si… alors? Vous le savez, conditions ou pas, virus ou pas, pratiquez vingt quatre sur vingt quatre. Cela demande de saisir l’essence de toute pratique et de s’entraîner à reconnaître notre manque d’entraînement au quotidien. Merveilleuse nouvelle! Cela ne se fait pas en un jour, mes ami-es. Ce genre de confinement risque de durer jusqu’à la percée au grand air de votre vraie nature.
Cessez de marcher à tâtons, ou pire, de faire du sur place. Ne remettez plus jamais en question ce que vous faites, faites le. Et que vous vous ennuyez comme un rat mort, ou perceviez des anges au-dessus de votre tête, tout n’est qu’illusion et demande à ce que vous réalisiez enfin que vous en êtes le magicien. Comme le simplet attrape n’importe quelle petite grenouille et fait alliance avec l’instant, la plus belle des magies. Certains voudront remplir cette magie de l’instant avec des délires, car on a beau faire, l’attachement à vouloir se grossir dans la loupe narcissique est tentant. on ne peut pas se lâcher la grappe, il faut être quelqu’un d’important, de spécial parce que je le vaux bien! L’hypocondrie émotionnelle a encore de beaux jours devant elle, de quoi nous faire tourner dans des cycles extrêmes de mal-être.
Et si nous changions réellement de vision? Il est bon de grandir à la lumière de ce que nous sommes et l’ombre nous fera moins peur. Et si je ne veux pas pratiquer, eh bien je ne le fais pas, personne ne m’y oblige, l’engagement est avec soi, j’ai à répondre devant moi-même de ce que je fais ou pas. Aussi pratiquons sans nous regarder pratiquer jusqu’à ce que nous n’ayons plus besoin de ces formalités alors nous pourrons tranquillement nous asseoir où que ce soit, sous les vents les plus mauvais sans bouger d’un pouce.
Soyons des artisans du coussin et arrêtons de remettre en permanence en question ce que nous choisissons. Ce qui bouge sera toujours cet esprit qui se réduit aux problèmes et cherche la fascination opposée. Il faut bien que l’éveil ça serve à quelque chose, que j’ai retour sur investissement. Eh bien non ça ne sert à rien et il n’y aura aucun retour sur investissement. Et demande toi si ce à quoi tu passes ton temps d’habitude sert à quelque chose? Toutes ces questions ouvrent et nous amènent à la plus grande détente qui soit, à la simplicité naturelle, libre d’ajout et de retrait.
Je connais bien ces sujets, aussi je peux vous en parler en confiance, même si j’ai bien conscience qu’entendre réellement de quoi il retourne peut prendre du temps. La profondeur de ce qui est enseigné, bien que toute proche, met du temps à se voir. Aider en n’ayant pas peur de la vérité est l’engagement de tout enseignant, ce qui est exprimé n’a rien de personnel. Le tu, le nous, le vous sont connectés. Ne vous froissez pas du langage, il y aujourd’hui d’autres chats à fouetter, que de monter sur les ergots de sa susceptibilité.
Ainsi ai-je entendu, fils et fille de noble famille, ne te regarde pas pratiquer, c’est comme cela que nous apprenons à pratiquer vraiment. Savoir s’émanciper de toute forme de complaisance, et ne pas lâcher le fil de la compassion véritable, et son couperet aimant.
Retrouvez-moi sur ma chaîne youtube pour des sessions quotidiennes pendant le confinement
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