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Passer en douceur – Bonne année 2020 –

Dernière mise à jour : 9 oct. 2022


Il y a bien des façon de passer – que ce soit traverser aller ailleurs ou même mourir – passer en force ou en douceur –

La grande force invisible du temps, dans ses cycles revenant, impose quelquefois des retours immobiles. Il s’agit alors d’être dans la patience, la science des petits pas, qui fait ouvrir la porte de soi seulement à l’intérieur de soi. Patience proustienne des questions insolubles qui consiste à manger ses moignons de madeleine en se brûlant au thé resservi mille fois des mêmes lassitudes , à force même le temps ne s’y retrouve plus. Tout passe si vite. Narcisse n’est pas allé jusqu’au bout de sa course, jusqu’à la source. Il jouit de l’écho de lui-même et se perd dans la multiplication de ses reflets clonés, parfois. A moins qu’un rond dans l’eau n’interrompt le moulin. Le temps nous baladerait-il entre ses murailles de papier, à remuer la poussière des greniers. S’il nous arrive de ressentir l’impasse, c’est que nous avons perdu nos ailes d’oiseau en lien avec les cieux et qu’il devient vital de renouer avec l’énergie terrestre des eaux et du vent. Ce qui revient, les retournements, les cycles qui se plaisent à rejouer de semblables musiques et fanfares, en analogies de dates, d’émotions, d’événements nous informent que la nouvelle année n’est en rien réellement nouvelle. Bien que se répétant, l’illusion du renouveau fonctionne. Bien que le renouveau soit à portée de coeur, l’illusion du même réitère. Éternel retour d’une ode temporelle pourtant au-delà du temps. Le passé s’est-il déguisé en futur pour que tu ne refasses pas les mêmes erreurs? Espérons le. Peut-être y-a-t-il des dates, des faits, de semblables douleurs entrant en résonance de cycles qui se répètent, de façon singulière, dans la vie de chacun,  jusqu’à ce que la fleur de la conscience reconnaisse sa totale ouverture, au-delà des créations du temps et de l’espace.

Que sera la nouvelle année? Nul ne sait ni pour lui-même ni pour autrui, écho ou chaos, forces ou failles, solo, duo, ou synchro? Ces champs de force plus grands que nous, le temps, la mort, dans lesquels nos têtes sont engoncés jusqu’à l’os, souvent sans en avoir conscience, si nous les ignorons, deviennent la première violence que nous nous faisons à nous-même ou imposons aux autres.

Est-il judicieux d’agir maintenant ou faut-il attendre, ses robes dans la coquille de noix, que des vents plus favorables se lèvent, car le bal des choix ne serait qu’agitation et perte d’énergie? –  qui sait? agir en laissant agir sans précipitation et sans intrusion – tout un art d’être en liens avec les forces visibles et invisibles et d’écouter ce qu’on ne peut entendre –

Etre sans résistance – loin d’être faiblesse ou inertie la douceur est le pouvoir des reines de coeur qui sommeille en chacun, en sa nature de lumière.

Nous pensons pouvoir faire ce que bon nous semble, être maître du calendrier, être le césar des hôtes de ces bois, contrôler selon notre tête et faire fi des énergies souterraines en présence. Agir sans discernement, forcer les situations, les événements, marcher des clous sous les semelles, construire son bonheur sur des ruines émotionnelles, et bien d’autres désastres se préparent toujours dans la nuit derrière le château, quand on a vendu son âme pour quelques illusions et quelques peurs momentanément apaisées. La violence est dans cette ignorance de l’invisible, de ce qui se trame, et fait retour. La violence est dans cette arrogance qui fait croire à ce qui se voit seulement manifesté et néglige les souterrains pleins de bombes et d’avertissements sur lesquels on marchera lorsque le temps reviendra. Car il revient pour que tu apprennes la leçon et à t’en délivrer encore mieux.

Nous avons vécu la fin de 2019, ce passage de la nouvelle année, encore une fois, dans la Drôme, à la cour de Crest, dans la joie simple de respirer ensemble. Nous avons fait retraite quelques jours pour passer en douceur d’une année à l’autre : passer de la parole et du bruit au silence, des habitudes et des manières sociales à l’assise, des perceptions erronées à plus de vision et de conscience. Le point majeur de ces moments partagés était d’éveiller notre capacité à déceler derrière la plupart de nos perceptions, certitudes et habitudes, une forme de violence, même derrière celles qui en semblaient dénuer. Voyant la violence, voyant la douceur – même traversée – juste une aile froissée qui reprend son élan déjà ailleurs –

Chaque matin apprécier la douceur du silence, de l’espace, de la clarté innée sortant de la baie du miroir jusqu’au feu de la caverne – se poser sans revendiquer –

Que chaque jour de cette nouvelle année garde l’empreinte de la fraîcheur de l’instant non prémédité sur la primauté de nos lâchetés – que la douceur soit encore et encore invitée au vin de vérité de l’instant – laisser aller les dénis – faire face au vent du cœur – En cette année dont nous ne savons rien, je nous souhaite de belles intuitions et de passer encore au meilleur de nous-même c’est-à-dire au travers de nos duretés, chutant peut-être mais, et encore, sans nous lasser d’allumer de petits riens au bout de nos doigts dégelés et nous rappeler que le printemps vient clair sous la croûte sombre de la terre..

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