Pratiquer le silence est éveiller en nous l’ermite qui veille déjà au grain des bonnes semences. Faire silence au milieu de l’agitation extérieure ou mentale est se tenir sur le pied du héron, à observer sans se précipiter, la vaste plaine de la vie. Abreuvés de paroles que nous sommes, le silence se révèle vite privation. Il est à prendre comme un jeûne, une discipline monastique le temps de s’y consacrer pleinement comme pendant une journée ou lors d’une retraite, avec d’autres. Communiquer ou plutôt communier de silence à silence, que reste-t-il alors? ce que l’on n’entend pas d’habitude, la peau la plus subtile de l’être, justement le silence. Le silence s’entend lui-même à nous faire entendre, dénudé de paroles, dénué d’arrogances, qui nous sommes, ce que nous sommes. Impossible de se cacher derrière des constructions, des justifications, des scénarios répétitifs, souvent d’ailleurs inutiles. Ici nous en voyons la futilité et le dérisoire. Nous retrouvons un peu de vérité.
Dans le noble silence choisi, nous écoutons, nous faisons croître notre attention et toutes nos perceptions, habituellement recouvertes de bruit. Le brouhaha s’atténue, la conscience s’affine et ressent la moindre humeur, le moindre souffle traverser l’espace. La plupart du temps, nous nous plaignons du boucan des villes, des voisins, des chantiers. Mais aspirons nous réellement au silence? Sachons nous taire nous-même – nous en apprendrons alors beaucoup sur nous-même et les autres.
Nous pouvons décider d’instaurer dans notre semaine un temps de silence, un repas ou une journée propice. Nous faisons voeu de silence. Voyons ensuite les bienfaits que nous en retirerons. L’esprit s’allège, la parole s’affine, les mots se choisissent avec plus de discernement. Dans le silence, la paix intérieure prend tout son relief. Un esprit paisible est silencieux, sa parole lorsqu’elle advient est porteuse de profondeur vivante et légère.
Pour s’exercer au silence, même le temps d’une journée, dans votre vie quotidienne, voici quelques instructions utiles :
s’abstenir de parler;
s’abstenir d’écouter radio ou télévision;
s’abstenir de téléphone et de tout média ou liens des réseaux sociaux;
s’abstenir de tout contact visuel;
s’abstenir d’écrire;
s’abstenir de lire.
Le principe général est de limiter les entrées et les sorties, tout au moins celles qui dépendent de vous. La durée la plus courte pour faire silence peut être juste une heure où vous décidez de ne pas répondre au téléphone, de ne pas regarder ou envoyer de sms. Vous pouvez vous promener ou méditer, porter sur les choses et les êtres un regard contemplatif. C’est le moment aussi d’observer à l’intérieur, de voir nos affabulations habituelles, d’être plus sincèrement en contact avec nous-même, de faire un peu de ménage dans l’esprit et de sourire à la douceur.
Vu du silence tout est nu l’ego mis en sourdine laisse passer la lumière à l’instant ou jamais –
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