A l’art de la présence, quand l’animal s’immerge dans le ressenti, l’homme en est encore à dégraisser son mental. La gestuelle du chat est un non faire, quand tu essaies de te défaire du surajouté, du surimposé, et que tu en rajoutes forcément.
Respirer sans fabrication S’asseoir sans fabrication Etre sans fabrication Tout le monde est sans le savoir ce qu’il cherche à être –
La belle affaire que tous ces éveillés qui n’essaient pas de l’être, quand toi tu deviens maladroit depuis des années à chevaucher ton coussin mal ou bien orienté – as-tu vérifié? Que tu surveilles tes pulsations karmiques avec la précision d’un endetté qui ne pourra rembourser que sur plusieurs kalpas.
Pratiquer complique un tantinet le corps qu’on est. C’est une étape de mise en abîme, un peu inévitable. Tu es ce que tu ne cherches pas à être et tu le conscientises en permanence pour savoir avec une assurance indéfectible que tu es bien ce que tu ne cherches pas à être et ça tourne en boucle.
En même temps que tu l’as compris, il ne s’agit en rien de faire l’éloge de n’importe quelle apathie fière de s’ignorer et de gambader dans les prairies en carton pâte de l’inconscience matérialiste. Bien sûr, il ne s’agit pas d’un carpe diem consumériste où on oublie l’essentiel. Pratiquer complique un tantinet ton être en aspiration de vérité sans possibilité de vérifications mais alors à quoi bon tous ces efforts pour devenir l’idiot du vill
age que tu ne peux devenir car si tu sais que tu l’es tu ne l’es plus?
Ca se complique, et si on parlait d’autre chose? Oui voilà qui est sage – Tiens je te propose quelques respirations avec rétention, quant à ne rien faire, faisons le à fond, à 100%, c’est dans l’ordre des choses tu vas voir.
Il s’agit d’inspirer sur un tempo de sept tu comptes 1,2,3 jusqu’à 7, puis rétention compte sept – expire compte sept – rétention compte sept et tu fais ça sept fois, ça marche? Et tu recommences après.
La technique est simple et sans préalable. Mais je sens que tu vas vouloir discuter pour en savoir plus, si ça vaut la peine tout ça, si ça sert à quelque chose, si ça va te remettre des points sur ton crédit d’éveil, ceux que tu as perdus la semaine dernière en ayant d’horribles pensées sur ton voisin qui bien qu’éveillé sans le savoir lui n’a pas vu ton niveau d’évolution qui avait augmenté ou régressé. Non mais c’est bien crois moi tu es sur la bonne voie. Elle n’est pas linéaire. Tout ce fil à retordre va te remettre les idées d’aplomb.
Un voisin, un ami ou un proche, on est bien d’accord, ce sont les premiers à ne pas voir l’évidence de tes apnées célestes et ne t’attends pas à ce que ça change. Chacun ne voit que soi alors tires-en les conclusions toi-même. Mon chat a un message pour toi, il dit que tu pourrais arrêter de te plaindre et aller balayer la cour avec la queue du balai plutôt que de rester comme un nigaud à discourir sur les pourquoi et les comment qui dédoublent ta tête de ton corps.
De ses pouvoirs yogiques, il voit très bien que tu n’es pas en phase, que t’as la tête légèrement décalée. Tu pourrais aussi voir qu’à la place de ta tête en vérité il y a l’espace. Oui je sais dis comme ça ça paraît absurde et pourtant. Essaie – regarde – tu vois quoi?
Dédoublée, l’action se maladresse. C’est vrai qu’on a le chic pour se planter sur place comme des andouilles au marché, sauf que personne ne va venir nous déplanter de notre fixité maladive. Allez circule, lâche l’ascèse, vois qu’il n’y a rien à voir. Attends pas que ton voisin rapplique pour te mettre la tête au carré.
Aussi pourquoi prends-tu un malin plaisir à te regarder faire ce que tu te dénies de pouvoir faire? Quel spectacle! C’est dimanche vaudrait mieux faire un gâteau ou un truc qui pulse dans les tripes, ou laisser l’initiative à ton corps de s’ébrouer sans surveiller s’il le fait bien. Oui je sais, se simplifier la vie ça la complique parfois. Mais c’est temporaire. C’est comme ranger chez soi, t’achète des tas de bouquins qui t’expliquent l’art de ne pas accumuler et tu te retrouves encombré pour te délester, tu fais quoi de ces bouquins qui t’ont expliqué comment ne pas en avoir?
Terminons sur une note salée ce billet doux du dimanche : parfois il faut faire confiance à ce qu’on ne peut pas faire, parce que c’est tout simplement, et ce qui est ne pourra jamais être fait.
Pas vrai Alfred? le chat est mort de rire. Allez bon dimanche sur l’esplanade, fait beau, sortez les os.
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