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Remercier les difficultés : une voie de maturation intérieure

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Dans la tradition du Mahāyāna, et plus particulièrement dans la pratique de l’Ojunga, certaines maximes servent de guides pour vivre l’expérience humaine comme un chemin d’éveil. Après avoir exploré « l’adversité comme terrain d’éveil », voici une autre formule souvent déconcertante : remercier les difficultés.

Remercier : ce que cela ne veut pas dire

Remercier les difficultés ne revient ni à rechercher la souffrance, ni à idéaliser la douleur, ni à célébrer ce qui nous blesse. Il ne s’agit pas d’ouvrir les bras à ce qui nous dérange, ni d’admirer la crise qui nous traverse.

L’invitation est beaucoup plus subtile : porter un regard différent sur ce qui nous arrive, et reconnaître que certaines épreuves contiennent des germes de liberté intérieure que nous n’aurions jamais découverts autrement.

Les difficultés comme miroirs

Les obstacles, les crises, les imprévus qui nous secouent fonctionnent comme des miroirs. Ils éclairent des zones restées opaques en nous :– nos peurs,– nos attachements,– nos illusions,– nos images de nous-mêmes,– nos habitudes de contrôle,– nos certitudes.

Lorsque tout va bien, nous nous assoupissons dans le pilotage automatique. Rien ne nous bouscule. La difficulté, elle, déchire ce voile. Elle révèle, dénoue, met en lumière ce que nous n’aurions pas vu autrement.

Remercier, c’est alors reconnaître cette fonction de révélation, même si la traversée est douloureuse.

Les maîtres déguisés

Dans de nombreuses traditions, la vie elle-même est appelée « lama » : maître, enseignante, transmetteuse. Les difficultés peuvent être vues comme des maîtres déguisés.

Elles nous apprennent :

  • la patience,

  • l’humilité,

  • l’ajustement de notre posture,

  • la capacité à prendre un autre chemin,

  • la découverte de ressources intérieures insoupçonnées.

Sans ces défis, beaucoup d’aspects de notre être resteraient rigides. La vie, avec ses chaos successifs, nous oblige à bouger, à nous réinventer, à grandir.

Lâcher le contrôle : une détente profonde

Les difficultés mettent à mal le grand mythe humain : celui du contrôle. Nous pensons pouvoir maîtriser, anticiper, prévoir. L’épreuve vient fissurer cette illusion.

Le lâcher-prise n’est pas ici une défaite, mais une détente fondamentale. C’est laisser tomber la saisie crispée qui nous épuise.C’est permettre à la vie de circuler à nouveau en nous.

Choisir la paix plutôt que la lutte intérieure n’a rien de passif. Cela ouvre un espace de clarté plus vaste que le problème lui-même. C’est depuis cet espace que des réponses intelligentes, ajustées, vivantes peuvent émerger.

Les difficultés comme portes

Chaque épreuve est un seuil. Un entre-deux. Un passage initiatique entre ce que nous étions et ce que nous sommes en train de devenir.

Il y a un avant et un après. La compréhension du monde change. La conscience s’élargit.

Remercier, c’est reconnaître ce rôle initiatique : cette capacité à traverser l’inconfort de l’inconnu pour accéder à une nouvelle maturité. Parfois une renaissance. Souvent une ouverture.

La gratitude comme libération

La gratitude ne change pas la réalité extérieure : la difficulté reste ce qu’elle est. Mais elle change notre rapport à celle-ci.

Elle permet à l’amertume de se dissoudre, aux résistances de s’assouplir, à un espace intérieur plus vaste de s’ouvrir.

Dans cet espace, on retrouve la liberté de ne pas se positionner comme victime, mais comme être souverain capable de se tenir autrement au cœur de ce qui arrive.

Une pratique concrète en quatre étapes

Cette maxime peut se vivre dans le quotidien. Voici une manière simple et profonde de l’appliquer :

1. Nommer la difficulté. Identifier clairement l’obstacle qui se présente aujourd’hui.Le reconnaître. Lui faire face.

2. Observer ce qu’elle touche en moi. Quelles peurs ? Quels besoins ? Quels attachements ?Quelles images de moi-même sont bousculées ?

3. Sentir ce qui est en train de s’apprendre. Sans précipitation. Sans chercher la certitude.Quel apprentissage émerge dans le corps, le cœur, dans ma manière d’être ?

4. Dire “merci”. Pas “merci à la douleur”, mais merci au chemin qui s’ouvre.Merci à cette porte intérieure, à ce passage, à cette maturation en cours.

Puis sentir ce que cela transforme — même de manière infime.

Habiter la vie avec plus de douceur

À mesure que nous apprenons à nous tenir différemment face aux obstacles, une douceur nouvelle émerge. Moins de lutte. Moins de dureté envers nous-mêmes. Un sens plus profond de notre capacité à traverser, à accueillir, à grandir.

Remercier les difficultés, ce n’est pas aimer la douleur : c’est reconnaître la lumière secrète qu’elle porte,la maturation qu’elle rend possible,la liberté qu’elle prépare.

Photo de couverture : Photo de stein egil liland

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